Dagobert de La Butte aux Piles LE GRAND INQUISITEUR
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![]() Brouette féminine sommaire à quatre éléments. Peinture de François Boucher d’après une idée de Mme de Sévigné ( courtoisie du musée de Baderne-sur-Lauquet ). |
Hilare Poilaunet, mon alter ego anagrammatique bien connu pour ses travaux sur la littérature paillarde au Moyen-Âge, a enfin traduit Le Grand Inquisiteur et souhaite le publier. Avis aux éditeurs intéressés. En primeur, cet ami m’autorise à offrir le texte intégral aux visiteurs de mon site. |
AVANT-PROPOS
Hilare Poilaunet, traducteur |
Personnages
Boniface-Hercule II de May,
Grand Inquisiteur du Saint-Office ; La scène se passe en l’an de grâce 1258, à
Baderne-sur-Lauquet, une petite ville des Corbières
située non loin de Carcassonne. La vaste salle d’armes du
château a été transformée en prétoire
et envahie par les gens du village. |
RÉSUMÉ et TEXTE INTÉGRAL Scène 1 : où un grave problème d’infidélité conjugale est soumis au Grand Inquisiteur. Résumé : À son retour de Terre-Sainte où il était parti en croisade et à la recherche de son père, le comte Télémaque-Ulysse de La Butte aux Piles découvre que son épouse Effregonde lui a été infidèle. Il demande au Grand Inquisiteur de la châtier avec la plus grande sévérité. Le comte décrit la passion de sa femme pour les jeux de cartes en l’associant aux pires débauches. Texte intégral : cliquer ici --------------------------------------------------------------------------------- Scène 2 : où l’on apprend que le comte de La Butte aux Piles est un maquereau et sa mère une ancienne maquerelle ; où celle-ci révèle qu’elle vient de bénéficier d’un étonnant miracle de saint Hilaire. Résumé : Dame
Pépine, raconte
son mariage avec le comte Ulysse-Eusèbe, un maquereau qu’elle
n’a connu qu’une
seule nuit (c’est depuis lors qu’on l’appelle Pépine la
Brève). Leur fils Télémaque-Ulysse, devenu
proxénète également après avoir pris les
rênes de l’entreprise familiale, tente de
convaincre le Grand Inquisiteur de son bon droit en lui racontant
comment, grâce à un miracle de
l’évêque saint Hilaire, sa mère a
échappé à deux brigands qui voulaient la violer.
Le Grand Inquisiteur voit là un signe du
Ciel, et sa faveur semble acquise au comte. -------------------------------------------------------------------------------- Scène 3 : où le Grand Inquisiteur décèle les qualités d’une sainte parmi les goûts et les activités éclectiques de dame Effregonde ; où il envisage même de proposer sa canonisation au Pape. Résumé : L’accusée, dame
Effregonde, nie les accusations de son mari. Elle se présente
comme une femme simple, vivant de ses travaux agricoles et partageant
avec tout le monde son goût pour les cucurbitacées et
autres tubercules. D’ailleurs,
jusqu’à vingt lieues à la ronde, ne l’appelle-t-on pas la
reine du topinambour ? Le seul
crime qu’elle
reconnaît est celui d’avoir fait enlever la ceinture de
chasteté que le comte lui avait imposée avant de
partir en croisade ; cet objet la faisait souffrir. Après deux
jours et deux nuits de martelage, c’est un forgeron aimable et
consciencieux qui est
parvenu à
briser ces fers et à dessouder la belle. Voilà que
le Grand Inquisiteur, subjugué
et comme
tétanisé,
disjoncte et rêve de devenir forgeron lui aussi ; dans son
délire, il
souhaite même conduire la comtesse jusqu’à Rome pour la
présenter au Pape dont l’âge avancé contrarie la
vigueur ; comme
récompense de ses services, Effregonde serait
immédiatement
canonisée, ce qui est opportun car il n’y a pas encore
d’Effregonde au catalogue des saintes. Face à de tels arguments, les
plaintes du comte
contre sa femme sont balayées et c’est lui qui est maintenant
accusé d’intolérance. ----------------------------------------------------------------------------------------- Scène 4 : où les vertus du rire des chamelles sont envisagées pour réveiller les appétits endormis du Saint-Père ; où la Grande Inquisition s’intéresse de près au briquage des chameaux ; et où le Grand Inquisiteur lui-même n’est pas insensible au mordant d’une briqueuse moabite. Résumé : Effregonde
accuse
à son tour son mari d’avoir ramené de croisade une
femme qu’il a éduquée ensuite dans un de ses
bordels. Anahita, c’est son nom, était auparavant briqueuse dans
les chamelleries de son père, ce métier consistant, pour
faire boire davantage les chameaux, à rudoyer leurs testicules selon une technique très élaborée. Le Grand Inquisiteur,
oubliant l’ancienne
rudesse pour ne retenir que l’actuelle douceur de la Levantine, est
désormais
sous son charme et voilà qu’il disjoncte à nouveau,
rêvant d’aller jusqu’en Orient pour trouver là-bas les
chamelles riantes et chéries dont on lui parle et qui seraient
susceptibles de
réveiller l’appétit endormi du Saint-Père. Il
se projette dans une croisade à deux, le Souverain Pontife et
lui-même, l’érection gigantesque du Pape faisant, sur le
passage de leur navire, l’admiration de toutes les créatures de
la planète. Le comte de La
Butte aux Piles suggère que le
briquage des hérétiques par Anahita mériterait
d'être ajouté au catalogue des méthodes punitives de l’Inquisition. La
fille du Bédouin, au delà d’un modèle parfait
d’intégration réussie, est alors désignée
comme un des
symboles majeurs du monde occidental. -------------------------------------------------------------------------------- Scène 5 : où intervient Proctolus, un médecin descendant du barde breton Clystéric Le Pétosec ; où on révèle le rôle inattendu qu’icelui joua dans la tradition culinaire des Corbières ; où il est prouvé que les membres du Rotary Club de Baderne-sur-Lauquet sont de fins gastronomes ; mais où le Grand Inquisiteur dépasse largement tous ces amateurs. Résumé : Anahita a été cédée comme assistante au docteur Proctolus, un médecin épris d’idées modernes et dont le doigt toujours levé traduit la promptitude à soulager ses contemporains. L’Église condamne les pratiques occultes de Proctolus, et le Grand Inquisiteur n’ayant plus personne à juger promet le bûcher à ce médecin singulier qui y a jadis échappé. Proctolus s’appelle en fait Tonéric Le Pétosec ; il descend du célèbre Clystéric Le Pétosec, un barde breton qui épousa la châtelaine Berniquette de Termes, vers l’an mil, alors qu’il séjournait dans les Corbières. Proctolus raconte le coup de foudre entre Berniquette et Clystéric, suivi de la dégustation d’un mémorable coq au vin accompagné de lichemouilles, de paluchettes et autres pignolettes. Le Grand Inquisiteur, tout excité par ce menu, vit intensément les émotions qu’on lui raconte, et il promet quelque indulgence à qui lui fera goûter une telle cuisine. Texte intégral : cliquer ici ---------------------------------------------------------------------------------- Scène 6 : où l’on apprend que c’est grâce aux faces lunaires des ducs de Bordeaux que Clystéric Le Pétosec devint jadis l’un des plus grands humanistes de son temps ; et où Proctolus, fort de cet héritage, ose affronter le Grand Inquisiteur. Résumé : Proctolus fait l’apologie des poésies particulières et très orientées de son ancêtre Clystéric, et il montre qu’il possède les mêmes dons. Clystéric, après avoir été jeté en prison par le duc de Bordeaux pour un geste et un quatrain insolents, et après avoir observé quelques ressemblances drolatiques entre la face lunaire du duc et celle d’autres membres de sa famille, s’était vengé en composant un pamphlet devenu fameux. Les déductions logiques présentes dans ce texte fulgurant, et les considérations avant-gardistse qu’il contient sur la ressemblance génétique, jointes aux obsessions et aux spécificités littéraires de Clystéric Le Pétosec, furent à l’origine de sa vocation médicale particulière et, par continuité familiale, elles expliquent celle de tous ses descendants jusqu’à notre Proctolus. Celui-ci, fort de son savoir et de son humanisme, ne se cache plus et ose provoquer un Grand Inquisiteur rétrograde et agressif. Il joue avec le feu. Texte intégral : cliquer ici --------------------------------------------------------------------------------- Scène 7 : où Proctolus et le Grand Inquisiteur se rapprochent grâce à la Science ; et où il est décidé qu’aux fêtes de cette conciliation on réalisera une « brouette maltaise ». Résumé : Le Grand Inquisiteur, au moment même où il va condamner Proctolus au bûcher, lui fait part d’un certain mal qui le turlupine. Après un long questionnaire d’une logique éblouissante, Proctolus établit le diagnostic de la maladie du prélat et promet de le guérir. Le Grand Inquisiteur, soulagé, n’a d’autre choix alors que de gracier Proctolus et se rapprocher de lui. Pour célébrer cette réconciliation, tout le monde convient de réaliser une brouette maltaise. La brouette maltaise est une figure ludique constituée par six hommes nus, l’espace entre les corps étant minimisé pour former une masse charnelle compacte, verrouillée par les appendices et orifices en présence. La figure dense obtenue est réputée être alors l’image virtuelle du point-source de toutes les connaissances, et la portée philosophique de cette gymnastique ouvre au Grand Inquisiteur un vaste sujet de réflexion. Texte intégral : cliquer ici -------------------------------------------------------------------------------- Scène 8 : où l’on découvre qui est le fameux saint Hilaire ; où celui-ci réalise à nouveau un époustouflant miracle ; et où le Grand Inquisiteur se convertit enfin aux idées de Proctolus. Résumé : Quelqu’un propose que l’on aille chercher saint Hilaire pour qu’il se joigne à la fête. Celui-ci arrive avec les deux brigands par lesquels dame Pépine aurait souhaité être violée au début de cette histoire ; elle les avait finalement adoptés comme filleuls. Saint Hilaire est un personnage répugnant malgré son goût pour les beaux vêtements ecclésiastiques, mais les femmes — et dame Pépine surtout — deviennent hystériques à son approche ; il parle un langage incompréhensible qui est (peut-être) celui avec lequel il s’entretient directement avec Dieu. Suite à quelques péripéties, il recouvre la mémoire qu’il a perdue depuis quarante ans et s’aperçoit qu’il est en fait le proxénète Ulysse-Eusèbe de La Butte aux Piles, et qu’il est donc entouré ici de toute sa famille. L’amant de notre Pénélope était donc son mari alors que le précepteur de son fils n’était autre que son père. Malgré ce superbe avatar de l’Odyssée, Ulysse-Eusèbe reste agacé par tout le monde, par le fait que sa femme l'ait trompé (avec lui-même !) et par le souvenir des mauvais jeux de mots sur son nom ridicule ; il préfère retourner à son amnésie et demande pour cela au bourreau de lui assener un grand coup de crosse sur la tête, ce qui est fait. Il perd donc à nouveau la mémoire, retrouve sa gaieté et réalise des miracles. Il promet de guérir le Pape, prend les deux brigands comme évêques coadjuteurs pour faire plaisir à dame Pépine qui souhaite les garder près d’elle, et il fait à tout le monde des déclarations d’amour ou d’amitié. Le Grand Inquisiteur, qui s’apprête à visiter la ferme d’Effregonde et son silo à topinambours, et aussi à palper ses meules, disjoncte à nouveau alors que le doigt de Proctolus se lève pour le soin annoncé. Le rideau tombe au moment où le Grand Inquisiteur relève sa robe et s’ouvre enfin à la science. Texte
intégral : cliquer ici |
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