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AUTOUR D’UNE MALLE
DE LABORATOIRE PHOTOGRAPHIQUE
POUR LE PROCÉDÉ AU PAPIER CIRÉ

avec une biographie de l'opticien Charles Chevalier

     La découverte récente d’une rare malle photographique de laboratoire datant des années 1855 apporte un élément nouveau et concret à l’histoire des débuts de la Photographie. Il est opportun de profiter du support que constitue la description de cet ensemble pour rappeler quels furent les laborieux procédés photographiques de cette époque. On rendra ensuite hommage à son fabriquant, Charles Chevalier, pour son rôle historique éminent. La caisse de Chevalier est actuellement visible au musée de la Photographie, à Bièvres, dans l’Essonne.

Plan de l’article :

  1. Les procédés "négatif-positif"
  2. Description de la malle
        2-1) Inventaire général
              2-1-1) partie inférieure fixe
              2-1-2) étage amovible
              2-1-3) partie inférieure, sous l’étage amovible
        2-2) Inventaire des flacons de produits chimiques
        2-3) Description
  3. Charles Chevalier
  4. Références bibliographique



1)  LES PROCÉDÉS NÉGATIFS-POSITIFS

      L’invention du principe de la Photographie par Isidore Niepce dans les années 1820-1833 fut rapidement suivie par l’amélioration considérable du procédé par Daguerre puis par sa divulgation publique en 1839. Le daguerréotype consistait en une épreuve unique sur plaque argentée et le fait qu’il n’était pas reproductible en était la principale insuffisance. Le principe du négatif tel qu’on le connaît aujourd’hui fut conçu par l’Anglais Henry Fox Talbot dès 1839 sous le nom de calotypie et son procédé, jalousement breveté au début, n’eut de cesse par la suite d’être amélioré, grâce en particulier à l’activité du Français Désiré Blanquart-Evrard à partir de 1847. Sommairement, les recherches sur les procédés négatifs-positifs s’effectuent dans les années 1850-1860 autour de deux axes principaux : le procédé au papier ciré sec de Gustave Le Gray et le procédé au collodion des Anglais Frederick Scott Archer et Peter Fry. Le matériel livré dans la malle présentée ici concerne plus particulièrement le procédé au papier ciré mais il inclut aussi des éléments intervenant dans la méthode au collodion ; pour mieux comprendre le contenu de la malle et le situer dans le contexte photographique de l’époque, il est donc utile de rappeler les étapes essentielles de l’élaboration d’un négatif pour chacun de ces procédés. Ces étapes sont les suivantes :
    
   1) Choix et nettoyage du support (papier ou verre).
   2) Préparation de la pellicule poreuse destinée à recevoir le produit sensible à la lumière.
   3) Ioduration de cette couche pelliculaire par imprégnation d’iodures alcalins.
   4) Sensibilisation par application d’azotate d’argent (nitrate d’argent) ; celui-ci réagit sur les iodures alcalins pour donner de l’iodure d’argent sensible à la lumière. Cette phase doit naturellement se dérouler dans l’obscurité.
   5) Après la prise de vue, développement à l’aide d’un révélateur. Le développement par révélateur accélérait l’apparition de «l’image latente» inscrite dans la couche d’iodure d’argent ; il permettait des temps de pose beaucoup plus courts que le «développement naturel» par simple exposition prolongée dans la chambre noire.
   6) Elimination de l’iodure d’argent encore présent de façon à ce que le négatif ne devienne pas tout noir à la lumière : c’est la phase de fixage.
   7) Renforcement éventuel du cliché pour pallier son manque de densité. Cette étape pouvait suivre immédiatement le développement si l’opérateur s’apercevait dans le laboratoire de la faiblesse de son image.
   8) Lavage et séchage.
   9) Vernissage, dans le cas du support verre seulement, pour consolider l’adhésion de la pellicule à la plaque et pour la protéger.
 
      Reprenons successivement ces différentes étapes en précisant les manipulations chimiques qu’elles impliquent. Dans la suite les éléments présents dans la malle de Chevalier sont soulignés.

   1) Le polissage de la plaque de verre (une glace sans défaut était préférable) se faisait à l’aide d’argiles fines comme le tripoli, la plaque étant maintenue et frottée à l’aide d’un appareillage spécial. Elle était ensuite soit lavée avec du carbonate de chaux ou de potasse, soit nettoyée avec une solution d’acide azotique (acide nitrique). Si le support choisi était le papier ces opérations préalables n’étaient évidemment pas à effectuer ; dans ce cas le papier devait être de bonne qualité, solide mais assez fin pour s’opposer le moins possible au passage de la lumière.

   2) La couche poreuse destinée à recevoir les produits sensibles sur le verre a d’abord été à base de gélatine puis d’albumine (procédé Niepce de Saint-Victor, 1847). Celle-ci, du simple blanc d’oeuf battu en neige puis décanté et filtré, avait une très bonne adhésion à la plaque et sa grande transparence assurait une excellente finesse aux images ; mais le défaut des plaques ainsi préparées était leur manque de sensibilité et les très longs temps de pause qu’elles nécessitaient. Vint ensuite le procédé au collodion ; ce produit, constitué d’une dissolution de coton-poudre dans un mélange d’alcool et d’éther, était plus fluide que l’albumine et son emploi était donc plus facile pour recouvrir uniformément la plaque.
      Dans la méthode du négatif en papier ciré, la feuille était imprégnée de cire vierge fondue ; l’imprégnation devait être homogène de façon à ce que le papier devienne bien lisse et uniformément translucide. De nombreuses variantes existèrent où des matières comme la céroléine (procédé Geoffray), la térébenthine (procédé Tillard), la paraffine (procédé Civiale),... furent substituées partiellement ou totalement à la cire vierge.

   3) La couche poreuse réceptrice étant ainsi prête, elle était ensuite iodurée à l’aide de sels alcalins susceptibles de réagir plus tard avec l’azotate d’argent pour produire l’iodure d’argent sensible. En fait, dans la préparation des négatifs sur verre ces sels étaient directement intégrés à la préparation liquide d’albumine ou de collodion ; dans la préparation des négatifs papier, les feuilles cirées étaient placées durant quelques dizaines de minutes dans une cuvette contenant la dissolution iodurante. Pour les négatifs en papier le composant principal était l’iodure de potassium  ou, moins souvent, l’iodure d’ammonium ; on leur adjoignait en petite quantité d’autres iodures alcalins comme l’iodure de cadmium, le bromure de potassium, le bromure d’ammonium, le bromure de cadmium, le cyanure de potassium, le fluorure de potassium... Ces adjonctions agissaient comme stabilisants chimiques ; leur dosage permettait de modifier la densité et le contraste des épreuves, et il était d’usage que chaque photographe eût sa petite formule dont il conservait jalousement le secret. L’iodure de potassium n’est pas soluble dans le mélange éther-alcool et il était donc exclu du procédé au collodion ; il était alors remplacé par les autres iodures qui viennent d’être énumérés.
      Dans la préparation des négatifs papier il fallait rajouter un agent mouillant au bain d’ioduration de façon à pouvoir imprégner le papier ciré uniformément et sans bulles ; on choisissait pour cela un produit présentant une viscosité suffisante comme le sucre de lait ; ce sucre était dissout à chaud dans de l’eau contenant du petit-lait clarifié ou bien dans de l’eau de riz ; il est à noter que ces deux derniers produits étaient sujets à fermentation et ne pouvaient être conservés plus de deux jours. La préparation iodurante devait être soigneusement filtrée pour la débarrasser des matières minérales et organiques en suspension. Le papier ciré, ioduré et séché, pouvait être conservé au moins un an avant d’être utilisé.

   4) Le support ioduré était ensuite sensibilisé à l’abri de la lumière dans un bain d’azotate d’argent. Ce dernier était conservé en une solution très concentrée et contenant de l’acide acétique dont le rôle était de neutraliser les produits alcalins néfastes issus de la décomposition naturelle de l’azotate. C’est pourquoi les livres de l’époque désignent cet agent sensibilisant par le nom d’acéto-azotate d’argent. Le flacon en provenance de la maison Chevalier porte la mention «argent négatif». Il était susceptible d’inclure d’autres composants capables d’améliorer le rendement des bains et la qualité des clichés ; leur choix et leur dosage dépendaient du goût et de l’expérience de chacun. L’azotate de zinc, conseillé par les photographes Roman, Cuvelier et Charles Laborde, compensait la volatilité de l’acide acétique et assurait, d’après ces praticiens, une excellente sensibilité au papier. Ces photographes étaient des amis et des collaborateurs de Charles Chevalier et celui-ci avait publié leurs procédés dans son livre édité en 1854 ; suite à leurs expériences et à leurs conseils il n’est donc pas étonnant que Charles Chevalier ait inclus l’azotate de zinc dans sa «pharmacie» photographique.

   5) Bien qu’on ne puisse pas associer strictement à chaque type de négatif un des trois agents révélateurs ci-dessous, il semble que les associations

      verre albuminé      ------------->   acide pyro-gallique
      papier ciré             ------------->   acide gallique
      verre collodionné   ------------->   sulfate de fer

reflètent convenablement les choix majoritaires qui furent faits ; d’après Louis Figuier seul le sulfate de fer reste utilisé en 1865 pour le développement des plaques au collodion. Quelques gouttes d’azotate d’argent étaient parfois rajoutées aux bains révélateurs pour accentuer les contrastes du cliché ; un peu d’acide acétique (ou azotique, ou formique, ou citrique) ralentissait éventuellement le développement et permettait ainsi l’obtention de noirs plus intenses. De l’alcool était toujours rajouté à ces bains pour leur conférer un meilleur pouvoir mouillant et éviter ainsi la présence de tâches non développées ; cette précaution était particulièrement importante pour les papiers préalablement cirés.

   6) Les bains de fixage étaient des solutions d’hyposulfite de soude ou de cyanure de potassium. Ce dernier produit convenait particulièrement bien au plaques collodionnées, mais les dangers encourus par sa manipulation firent que beaucoup le délaissèrent, et ceci malgré le temps de lavage plus long que nécessitait l’hyposulfite. Les sulfocyanures de potassium et d’ammonium étaient exempts de tous ces défauts mais leur prix étaient trop élevé pour qu’ils fussent d’usage courant. La présence d’une réserve supplémentaire de cyanure de potassium cristallisé dans la malle de Chevalier tient au fait qu’une solution de cyanure est instable chimiquement et qu’il fallait donc la préparer moins de deux heures avant usage.

 7-8) Si le négatif n’était pas jugé assez dense on le renforçait à l’aide d’un bain dans une solution très diluée d’acide pyrogallique et d’azotate d’argent. Le lavage suivait.

   9) La fine pellicule de collodion sur le verre était enfin consolidée grâce à un vernis transparent composé d’une solution de gomme arabique dans l’eau ; un mélange de gomme-laque et de gomme-élémi dissous dans de l’alcool donnait un vernis encore plus solide qui était conseillé pour les plaques destinées à beaucoup de manipulations. Un flacon de la malle de Chevalier porte la mention « vernis négatif ».

      La fabrication du papier positif relevait du même principe que celui du papier négatif. L’agent iodurant était ici remplacé par une simple solution de chlorure de sodium (gros sel domestique) dans un bain duquel on faisait flotter une feuille de papier à dessin ordinaire ; on pouvait aussi étendre la solution au pinceau ou à l’éponge. La sensibilisation se faisait encore avec du nitrate d’argent stabilisé avec de l’acide acétique et incluant éventuellement quelques autres produits issus de l’expérience de chacun. Le flacon de produit sensibilisateur dans la malle de Chevalier porte la mention «argent positif» qui indique bien la différenciation avec « l’argent négatif» cité plus haut. On laissait ensuite sécher le papier dans l’obscurité, puis on procédait à l’impression par contact avec le négatif, dans un chassis-presse que l’on exposait à la lumière solaire. Les produits révélateurs et fixateurs étaient les mêmes que pour les papiers négatifs, à de multiples variantes près. Les épreuves étaient enfin virées au chlorure d’or pour leur donner des tons plus profonds et plus riches. L’usage du «papier salé» fut courant jusqu’en 1857, date à partir de laquelle on trouve dans le commerce le papier albuminé, plus sensible et moins mat, et qui restera en usage jusque dans les années 1890.

      Signalons aussi qu’il était possible d’observer les plaques négatives comme des épreuves positives. Il suffisait pour cela de blanchir le négatif en le plongeant après le fixage dans une solution d’acide azotique ou de bichlorure de mercure, puis de le regarder sur un fond noir de velours, de papier ou de vernis. Le principe de ce procédé fut découvert par Le Moyne en 1851 à partir d’un négatif à l’albumine, puis développé par Adolphe Martin en 1852. Par la suite on s’aperçut que des préparations spéciales du collodion associées à la présence de nitrate de potasse dans le révélateur, permettaient d’obtenir directement des épreuves blanchies positives ; ces épreuves étaient fixées au cyanure car l’hyposulfite donnait des blancs trop grisâtres. Cette méthode était appelée amphitypie, mélainotypie, ambrotypie  ou encore ferrotypie dans le cas d’un support métallique ; dans ce dernier cas, le support n’étant pas transparent, il devait être enduit d’un vernis noir avant l’étendage du collodion ; ce vernis était composé de bitume de Judée et de naphte dissous dans de la benzine. Ce procédé connut un grand succès populaire en raison de la rapidité de la livraison des épreuves et du faible coût qui en résultait. La présence d’un flacon de vernis noir dans la malle de Chevalier portant la mention «vernis positif» montre que ce procédé y était aussi prévu.

      Quel que soit le type de négatif, l’iodure d’argent sensible était présent dans toute la couche pelliculaire et il était donc essentiel que cette couche restât poreuse jusqu’à la prise de vue et le développement afin que les agents révélateurs et fixateurs puissent l’imprégner totalement. Après l’étape de sensibilisation on pouvait laisser sécher le papier ciré ; en effet sa porosité demeurait effective durant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, et on pouvait donc le préparer longtemps avant de l’impressionner et de le développer. Le collodion n’avait pas cette propriété et perdait toute porosité en séchant : il fallait donc le sensibiliser et réaliser la photographie immédiatement après l’étendage et juste avant le développement ; c’est pourquoi ces procédés portaient les noms de papier ciré sec et de  collodion humide. A l’encombrement des glaces lourdes et fragiles qu’impliquait le procédé au collodion humide, s’ajoutait donc celui de tout un arsenal de laboratoire que le photographe voyageur devait emporter avec lui lors de ses excursions. Cet inconvénient de la méthode du collodion humide était évidemment ressenti de façon moindre par les portraitistes d’atelier qui apprécièrent toujours la grande finesse, la bonne sensibilité et le temps de développement rapide de ce procédé.

      La cire dont était imprégné un négatif papier lui conférait certes une bonne transparence, mais les tirages positifs qui en étaient réalisés présentaient encore le grain caractéristique propre aux premiers calotypes de Talbot et de Blanquart-Evrard ; à une époque où la photographie était pour beaucoup et avant tout un moyen magique de reproduire exactement la nature, l’obtention d’une image parfaitement nette restait évidemment le but à atteindre. C’est pourquoi le procédé du papier ciré ne fut employé que par des voyageurs qui ne pouvaient faire autrement, et aussi par quelques partisans déclarés de son esthétique particulière. Parmi ceux-ci on peut compter Charles Chevalier et son fils Arthur qui écrivait en 1857 alors que le collodion avait déjà virtuellement triomphé du négatif papier : « C’est toute une école que celle du papier bien compris ». De fait la durée de vie du procédé fut brève et en 1860 il était déjà considéré comme désuet ; dans son livre publié en 1869 Figuier le décrit pour son « intérêt plutôt comme recherche scientifique que comme méthode opératoire ». Les images photographiques obtenues d’après des négatifs en papier seront redécouvertes vers 1900 par l’école pictorialiste ; elles connaissent de nos jours un regain d’intérêt spectaculaire dû à l’engouement pour la photographie ancienne et en particulier pour les rares témoignages qui nous sont parvenus de cette époque qui constitue véritablement l’âge d’or de la Photographie.

      Le journal La Lumière, bulletin de la Société Héliographique, se faisait l’écho et l’arbitre de la querelle d’école qui s’était instaurée entre les partisans du verre et ceux du papier, ceux du «net» et ceux du «flou» ; cette société regroupait activement tous ceux qui de près ou de loin, s’intéressaient aux aspects techniques, esthétiques ou même philosophiques de la Photographie naissante. Elle avait été fondée en 1851 sous l’impulsion de personnalités telles que le baron Gros, Delacroix, Regnault, Becquerel, Le Secq, Le Gray, Bayard, Lerebours et Charles Chevalier. Les colonnes de La Lumière relataient régulièrement les efforts de tous ceux qui oeuvraient pour trouver un procédé qui présentât la netteté du collodion humide sans en avoir l’inconvénient majeur cité plus haut. Dès 1850 les photographes redoublaient donc d’ingéniosité et d’imagination pour trouver une matière qui, mêlée au collodion, pût en maintenir la porosité après séchage de façon à permettre ainsi aux produits révélateurs et fixateurs de pénétrer ultérieurement dans toute l’épaisseur de la couche. Pour réaliser ce procédé au collodion sec on proposa d’adjoindre au collodion des produits préservateurs d’humidité comme l’azotate de magnésium, l’azotate de zinc (méthode de Poilly, 1854), et aussi la résine (méthode de l’abbé Despratz, 1854), l’ambre jaune (méthode Duboscq, 1854), l’albumine (méthode Taupenot, 1855), le tannin (méthode Russel, 1862), la céroléine, la paraffine, ou encore des matières aussi insolites que le baume de copahu et la teinture de curcuma ; même des ingrédients domestiques comme les graines de coing, la pectine, le miel, le sucre, le tabac, le café, le thé, le vin n’échappèrent pas à l’obsession des investigateurs ! Mais aucune de toutes ces substances ne fut vraiment satisfaisante sur le plan de la résolution optimale du dilemme sensibilité-rapidité-netteté. La recherche de la substance idéale fut la préoccupation de beaucoup de photographes professionnels et amateurs qui, à défaut d’être de véritables chimistes et par des tâtonnements intuitifs ou empiriques, se transformèrent en véritables croisés de la cause photographique. La présence de résine de benjoin et d’autres matières indéterminées au fond de notre malle prouve que son propriétaire ne fut pas étranger aux débuts d’une recherche qui dura en fait jusque vers 1870 avec l’avènement des plaques sèches au gélatino-bromure.


2)  DESCRIPTION DE LA MALLE

      Inscription au pochoir sur la face intérieure de l’abattant :

maison CHARLES CHEVALIER ingénieur
fondée en 1760
deux médailles d’or en 1834
PALAIS-ROYAL 158
ARTHUR CHEVALIER FILS SUC.

     Dimensions : longueur = 82.5 cm, largeur = 30 cm, hauteur = 32.5 cm.

     Cet ensemble contient la totalité des matériels et produits chimiques nécessités par la pratique du procédé photographique au papier ciré sec ; il était livré par le fabricant en cet état intégral et le photographe était supposé y trouver tout ce dont il devait avoir besoin sans avoir donc à courir à droite et à gauche pour pallier au dernier moment l’absence d’un quelconque produit. Dans le jargon des praticiens une telle malle était appelée la pharmacie.
     Outre l’avantage pour le constructeur d’une livraison facilitée au client, le conditionnement en malle était destiné surtout à permettre aux voyageurs de transporter avec eux tout le matériel nécessaire à la réalisation complète de leurs photographies. L’eau, nécessaire en abondance, devait être trouvée sur place ou faire l’objet d’un transport séparé. Etant donné l’importance de la pharmacie dans le procédé du papier ciré sec, il était nécessaire de la séparer du matériel de prise de vue qui était donc transporté dans une autre malle ; ceci n’était pas toujours le cas pour la daguerréotypie où un conditionnement de transport unique suffisait souvent. La malle présentée ici ne comporte que du matériel de laboratoire couvrant essentiellement et complètement le procédé au papier ciré ; la rareté du procédé et, à notre connaissance, l’unicité d’un tel ensemble lui confèrent un intérêt tout particulier.

       La malle est divisée en deux parties dont un étage amovible. Chacune d’elles est divisée en compartiments comportant chacun l’inscription au crayon de son contenu d’origine. On peut donc dresser l’inventaire de ce que contenait la malle complète. Dans l’énumération suivante, les astérisques qui précédent certains numéros signalent des pièces manquant ici ; les dimensions qui sont données alors correspondent à leurs emplacements et sont donc approximatives.

2-1) INVENTAIRE GÉNÉRAL

2-1-1) partie inférieure fixe :

   1)  1 chassis à épreuves (16.5 x 20 cm) ;
   2)  1 cuvette à cirer en cuivre argenté (19 x 25 cm) ;
   3)  1 cuvette en gutta-percha (23 x 17 cm ) ;
   4) 1 cuvette en gutta-percha (23 x 17 cm ) (remplacée ici par une cuvette émaillée) ;
   5)  1 éprouvette graduée  ( diamètre = 5 cm, hauteur = 9 cm ) ;
   6)  filtres en papier.

Trois petites cuvettes en gutta-percha (10 x 13 cm) et un support de séchage pour les glaces au collodion sont aussi présents ; ces éléments n’étant spécifiés sur aucun compartiment, il est vraisemblable qu’ils aient été rajoutés au contenu initial de la malle.

2-1-2) étage amovible :

  1)  9 grands flacons de produits chimiques (hauteur = 20 cm avec bouchon) ; 4 de ces flacons manquent ici ;
  2) 17 petits flacons de produits chimiques (hauteur = 12 cm avec bouchon) ; quatre flacons sont aussi absents de notre malle ;
  3)  1 petite plaque de verre (couvercle de l’éprouvette) ;
*4)  1 mesure graduée ( diamètre = 2.5 cm , hauteur = 12 cm ) ;
*5)  1 entonnoir ( hauteur 19 cm , faible évasement ) ;
  6)  1 lampe à alcool en verre et son bouchon à l’émeri ( diamètre = 5 cm , hauteur avec bouchon = 7 cm ) ;
*7)  niveau d’eau

2-1-3) Partie inférieure sous l’étage amovible :

* 1)  1 capsule en porcelaine avec couvercle (hauteur= 7 cm, diamètre =7 cm) ;
   2)  1 mortier en verre (diamètre supérieur = 7 cm ) ;
   3)  1 pilon en verre ;
 * 4)  1 tripode ;
   5)  1 bain-marie (cuvette en zinc ; 18 x 14.5 cm ) ;
 * 6)  1 balance ( 3 x 15 x 7 cm ) ;
   7)  2 boites en carton (réserves de papier ; 23 x 20 x 1 cm) ;
   8)  emplacement pour la réserve de cire vierge ;
   9)  emplacement pour la réserve de cyanure de potassium cristallisé.
         On trouve aussi trois petites éponges, une pince en corne, une autre éprouvette graduée, un agitateur et une pipette en verre ; ces petits matériels n’ont pas d’emplacements nominatifs.

2-2) INVENTAIRE DES FLACONS DE PRODUITS CHIMIQUES

      D’une façon générale les petits flacons contiennent des sels cristallisés ou en solution très concentrée tandis que les grands sont destinés aux solutés et autres liquides prêts à l’emploi. Il manque quatre des grands flacons et quatre des petits. Ceux qui sont présents sont les suivants (dans la liste qui suit, les numéros des produits exclusivement destinés au procédé au collodion sont précédés de la lettre c) :
 
       petits flacons :                                grands flacons :

   1)  Iodure de potassium                1)  Argent négatif 
   2)  Bromure de potassium             2)  Argent positif 
   3)  Bromure d’ammonium              3)  Acide pyro-gallique 
   4)  Iodure d’ammoniaque               4)  Cyanure de potassium 
   5)  Sucre de lait                            5)  Hyposulfite
   6)  Azotate de zinc 
   7)  Acide pyro-gallique 
   8)  Acide gallique 
   9)  Azotate d’argent 
  10)  Chlorure de sodium 
c 11)  Tripoli 
c 12)  Vernis négatif 
c 13)  Vernis positif
 
       L’analyse faite plus haut des procédés au papier ciré et au collodion permet de dresser une liste probable des bouteilles manquantes ; ce sont :

       petits flacons :                      grands flacons :

  14)  Acide acétique                    6)  Acide gallique 
  15)  Acide azotique                    7)  Alcool 
  16)  Chlorure d’or                  c 8)  Ether 
c 17)  Sulfate de fer                  c 9)  Collodion


2-3) DESCRIPTION

      Le corps de la malle et tous les compartiments intérieurs sont en bois naturel. L’intérieur est dans un remarquable état de propreté, sans tâches de nitrate d’argent. Des poignées latérales sont prévues pour le transport ; la clé de la serrure est absente.

      La dimension maximum des photographies traitées dans les cuvettes présentes est limitée à 15 x 20 centimètres, soit le format dit plaque entière, le plus utilisé jusque vers 1850 et, à quelques rares exceptions près, le format maximum des plaques daguerriennes. Cette observation jointe à la petitesse des flacons de produits chimiques laisse croire que cet équipement était destiné à un amateur. Après 1851 en effet, la plupart des professionnels profitent de la bonne conservation, de la légèreté et du faible encombrement des négatifs en papier ciré sec pour réaliser des photographies de dimensions plus grandes et allant jusqu’à 30 x 40 centimètres.

      La cuvette à cirer est en cuivre, métal très bon conducteur de la chaleur ; sa face intérieure est argentée de façon à éviter toute présence de sels de cuivre sur le papier, ce qui aurait eu pour effet de provoquer des tâches au développement. Cette cuvette est très plate, à quatre coins verseurs ; elle est conforme à la description faite par Latreille et d’autres auteurs dans leurs exposés de la préparation du négatif papier ciré selon le procédé de Gustave Le Gray. La cire vierge était mise dans cette cuvette, elle-même posée sur le bain-marie ; ce dernier, placé sur le tripode, était chauffé au moyen de la lampe à alcool (voir la gravure du livre de Latreille). On s’était auparavant assuré de l’horizontalité du fond de la cuvette en la contrôlant avec le niveau à eau et en l’ajustant avec le tripode réglable. La cire fondue avait ainsi une profondeur régulière dans toute la cuvette ; le papier y était alors plongé et s’en imprégnait ;  pour ne pas rayer la cuvette argentée et mettre à nu le cuivre, le papier y était manipulé avec une pince en corne ou en bois. De façon à éliminer l’excès de cire et assurer ainsi une transparence uniforme, la feuille était ensuite placée entre deux buvards puis repassée avec un petit fer chauffé à 120 degrés environ.

      Le mortier et le pilon servaient à réaliser le broyage et le mélange de produits solides ; la capsule en porcelaine était destinée à la préparation à chaud des solutions ; la petite plaque de verre était utilisée pour couvrir l’éprouvette pendant les préparations, en protégeant ainsi son contenu des poussières et de l’évaporation ; cette protection était particulièrement importante pour le collodion dans la composition duquel intervenait de l’éther, produit très volatile. L’emplacement du tripode étant très limité dans la malle, celui-ci était forcément escamotable, tout comme la balance. Le chassis à épreuves est de très grande qualité, conformément à l’image de marque de la maison Chevalier. Une des deux boites en carton est manquante ; celle qui est présente est en solide carton vert. Les cuvettes sont en gutta-percha noir. Il reste peu de chose de la pince en corne, très endommagée par la corrosion due aux produits chimiques.

      Toutes les bouteilles, grandes et petites, sont à section carrée. Chacune porte sur une face la mention en relief « CHARLES CHEVALIER  158  PALAIS-ROYAL  PARIS » ; sur la face opposée le nom du produit contenu apparaît sur un fond blanc dépoli à l’acide. Chacune  est munie de son bouchon en verre portant en relief les initiales « C.C. » de Charles Chevalier, et de l’autre côté la mention déposé.

      Des étiquettes manuscrites ont été appliquées par l’utilisateur sur certaines bouteilles et traduisent donc une modification tardive de leur contenu. Cependant la plupart des flacons contiennent encore leur produit d’origine ; cinq parmi les petits flacons renfermant des sels solides, ont leurs bouchons encore enveloppés dans du papier de protection bleu soigneusement fixé au goulot par une ficelle légère. Il est tout à fait probable, pour ne pas dire certain, que ces flacons n’ont jamais été utilisés et sont donc restés strictement en leur état de livraison !

      Dans l’inventaire du contenu d’origine, on note la présence de tous les matériels nécessaires à la préparation du papier ciré ; on note également l’absence des matériels à polir et à sécher les glaces. Ceci semble indiquer que la conception originelle de la malle excluait le procédé au collodion et qu’elle était donc uniquement destinée au procédé du papier ciré sec. Les produits concernant exclusivement le procédé au collodion (tripoli, vernis) auraient alors été livrés en appoint sur demande du client, ou tout simplement rajoutés par la suite.

      La cuvette à cirer est la pièce maîtresse de cet ensemble car c’est elle essentiellement qui en signifie la vocation «papier ciré sec». La grande rareté d’un tel objet en fait un témoin fascinant des débuts de la photographie et qui permet de situer avec certitude cette malle après 1851, date de la diffusion du procédé de Le Gray à l’usage exclusif duquel cette cuvette argentée pouvait être destinée. On peut dater plus précisément cette malle autour des années 1855-1860. L’année 1859 est celle de la maladie et de la mort de Charles Chevalier et de la succession par son fils Arthur. Sans leur apporter de notables modifications, celui-ci continuera la fabrication des matériels conçus par son père et qui ont fait la grande renommée de la marque familiale ; celle-ci demeure inchangée : « maison Charles Chevalier ingénieur ». Il n’est pas prouvé que l’adjonction de la mention « Arthur Chevalier suc. » soit consécutive à la disparition du père ; des matériels de conception ancienne, comme cette malle et certaines chambres à tiroirs, font mention d’Arthur et ceci peut laisser penser que Charles Chevalier avait déjà confié à son fils depuis plusieurs années la direction de quelques ateliers de fabrication. En 1860, le procédé au papier ciré sec de Le Gray, utilisé depuis 1851, a depuis plusieurs années amorcé son déclin et tombe lentement en désuétude au profit des méthodes au collodion. La plage 1855-1860 semble donc être une plage probable pour la datation de cette malle.
      L’art photographique n’en était qu’à ses balbutiements et à la génération de ses incunables ; les amateurs du négatif papier n’étaient pas légion et le procédé allait être vite abandonné ; ceci se joint à l’encombrement de tels ensembles de laboratoire pour expliquer que ceux qui sont parvenus jusqu’à nous sont absolument rarissimes. A notre connaissance aucun autre ensemble équivalent n’existe dans un musée ou une collection privée. Dans le livre d’Arthur Chevalier L’étudiant photographe publié tardivement en 1867, on trouve une gravure montrant un petit ensemble équivalent à celui-ci.

3)   CHARLES CHEVALIER

      Charles-Louis Chevalier naquit le 18 avril 1804, d’une famille d’opticiens établie depuis 1765 au Quai de l’Horloge à Paris. Passionné de sciences, il invente à dix-huit ans un prisme ménisque qui sera breveté sous le nom de son père Vincent dont il n’est alors que l’employé. Entre 1820 et 1830, il fréquente le savant Le Baillif qui l’initie à la physique et qui forge en lui une solide vocation scientifique dont va bénéficier le renom de la boutique paternelle. C’est grâce à l’intelligence et à l’ouverture d’esprit du jeune homme que celle-ci devient un lieu que fréquentent volontiers savants, physiciens et artistes. Les artistes apprécient la qualité des matériels de dessin optiques qui y sont fabriqués et vendus ; la chambre obscure à ménisque est particulièrement prisée et parmi ses amateurs on compte Talbot, Niepce et Daguerre ; ces deux derniers confient indépendamment à Charles Chevalier l’état de leurs essais de fixer les images de la chambre noire, et c’est naturellement que celui-ci les met en relation l’un avec l’autre en 1826 avec les suites historiques que l’on sait.

      En 1830 les Chevalier père et fils améliorent l’achromatisme de leurs lentilles par collage et sertissage et la qualité de leurs appareils s’en trouve accrue. Mais Vincent est jaloux de son autorité et de ses prérogatives paternelles et il laisse son fils à l’écart des succès et de la gestion des affaires ; leurs relations s’enveniment au point que la rupture éclate en 1832. Charles s’installe alors à son compte au 163 puis, après 1847, au 158 de la Galerie de Valois, au Palais-Royal à Paris. Ses travaux personnels à cette époque portent essentiellement sur les microscopes et les lunettes astronomiques, et à l’Exposition de 1834 ils lui valent deux médailles d’or et la notoriété officielle.

      Dès la divulgation de la Photographie par Arago le 19 août 1839 une voie nouvelle s’ouvre pour Charles Chevalier. Il n’avait pas été sollicité par Daguerre pour construire son appareil, le tandem Giroux-Lerebours ayant été retenu pour des raisons familiales et commerciales (Giroux était un vague parent de Daguerre et une personnalité bien connue du tout-Paris). Charles Chevalier en avait ressenti quelque amertume, considérant sans doute que sa compétence, son rôle de trait d’union entre Niepce et Daguerre, et son amitié pour le maître de Bry-sur-Marne eussent dû lui valoir l’honneur de cette fabuleuse première. C’est peut-être des suites de cette amertume que naîtra plus tard son conflit avec l’opticien Lerebours. Toujours est-il que Charles Chevalier surmonte son dépit et, aidé du capitaine Richoux et du docteur Donné (qui se distinguera par la suite dans la photographie microscopique), il ne lui faut pas plus de quinze jours  pour ébaucher son premier matériel et réaliser des épreuves très satisfaisantes. Il n’a de cesse alors de le perfectionner. Dès 1840 il met au point son fameux objectif double à verres combinés qui, grâce à l’accolement de deux lentilles en verres différents (crown et flint), permet de minimiser certaines aberrations optiques ; cette combinaison de verres avait déjà fait l’objet d’un important brevet déposé en 1834 et avait beaucoup contribué au renom scientifique de Chevalier dans le domaine des lunettes astronomiques. Peu de temps après, un autre objectif arrive sur le marché : c’est celui qui est construit en Autriche par l’opticien Friedrich von Voigtlander d’après les calculs de  Josef Max Petzwal, professeur à l’université de Vienne. Bien que moins lumineux que celui de Petzwal et donc moins performant pour le portrait, l’objectif de Chevalier a sur ce dernier l’avantage de ne pas déformer le contour de l’image, même au format de plaque entière (15 x 21 cm). La Société d’Encouragement qui avait organisé en 1841 un concours pour l’amélioration des objectifs photographiques lui accorde la médaille d’or, Petzwal se voyant attribuer la médaille d’argent. L’objectif à verres combinés équipe une chambre noire d’une très grande qualité technique et esthétique et que Charles Chevalier baptise «Le Photographe» ; le Musée du Conservatoire des Arts et Métiers à Paris en expose un exemplaire superbe assorti de tout son équipement de développement. Toute la première génération des premiers daguerréotypistes, y compris Daguerre lui-même, utilise maintenant le matériel de Charles Chevalier ; sa renommée dépasse les frontières du pays et il reste le fournisseur de l’Anglais Fox Talbot qui lui écrit sa satisfaction. En 1846 il étend son atelier et établit un laboratoire annexe de photographie au numéro 2 de la rue de Valois d’où il étend son activité à la production et la vente des produits de la chimie photographique.

      Charles Chevalier était extrêmement fier de son objectif, comme d’ailleurs de tout ce qui sortait de ses ateliers, et il semble qu’il ait parfois eu à l’égard de ses confrères une attitude de supériorité non justifiée et quelque peu agaçante. Dans la lettre de présentation qu’il en fit à la Société d’Encouragement en décembre 1840, il écrivait à propos de son appareil :
         «...les constructeurs spéciaux pourront seuls lui donner toute la perfection nécessaire ; mais ce qui pourrait, au premier abord, paraître un inconvénient, est, à mes yeux, une heureuse circonstance : le commerce ne sera pas inondé d’appareils plus ou moins défectueux, et les véritables amateurs y gagneront considérablement.»
         Soucieux d’être le meilleur et de passer à la postérité, Charles Chevalier avait vu d’un mauvais oeil l’arrivée et le succès de l’objectif de Petzwal dont on ne pouvait honnêtement qu’admettre certaines indéniables qualités ; il aurait dû alors faire montre de plus de sportivité et s’abstenir d’invoquer le plagiat face à un objectif différent et calculé scientifiquement avec des règles mathématiques qui échappaient à l’opticien français. Toute sa vie Charles Chevalier sera obsédé par l’affirmation de la supériorité de son objectif à verres combinés, et son fils après lui continuera la croisade paternelle. Ils ne purent qu’observer avec impuissance et regrets le succès du lumineux Petzwal porter ombrage à leurs efforts.

    D’un tempérament sûrement orgueilleux et possessif, Charles Chevalier aurait souhaité pouvoir participer à toutes les inventions nouvelles, tant il semblait se considérer, de part sa compétence et sa position historique, comme le maître d’oeuvre obligé de toutes les recherches photographiques. Dans ses livres, il concentrait habilement à côté de ses propres écrits techniques et de ses souvenirs historiques, des textes écrits par les meilleurs photographes et où ceux-ci décrivaient leurs innovations personnelles : la notoriété de Chevalier apportait à ces photographes une ouverture vers l’Histoire tandis qu’en revanche ils cautionnaient ainsi indirectement le matériel et la valeur de l’orgueilleux opticien dont ils favorisaient de surcroît le commerce. De plus, Charles Chevalier publiait dans ces mêmes éditions collectives de simples lettres de félicitations et de consécration qu’il allait jusqu’à solliciter lui-même auprès de ses clients les plus renommés. Ainsi :

M. Rondoni, peintre (1847) :
         « Je vous écrirai de Rome, toutes les observations que j’ai pu faire sur la bonté et la perfection de vos objectifs. Je vous dirai que d’après mes expériences ils sont préférables aux autres (...). Je vous remettrai une épreuve du portrait de Pie IX lithographiée par moi d’après une image daguerrienne que j’ai exécutée par ordre souverain, avec un de vos objectifs demi-plaque. »

M. Rochas, (1846) :
         « Je suis convaincu de la supériorité de vos instruments et je n’accorderai à aucun autre la même confiance ; dans maintes occasions j’ai combattu victorieusement les partisans de l’objectif improprement dit système allemand, et cela par la seule comparaison des résultats obtenus avec l’objectif que vous m’avez envoyé il y a bientôt trois ans. »

M. de Saint-Ildefont (1847) :
         «...J’obtiens des paysages vraiment merveilleux, c’est le mot, depuis que je possède votre excellentissime verre de rechange... »

MM. Choiselat et Ratel, (1847) :
         « Par votre lettre du 25 courant, vous nous priez de déclarer par écrit que nos épreuves photographiques ont été prises au moyen de vos appareils et objectifs... »

Edmond Bacot, (1847) :
         « Je suis toujours très satisfait des trois objectifs que vous m’avez fournis (...). Je vous félicite bien sincèrement de la bonne fabrication de vos objectifs... »

James Odier, 1846 :
         « Suivant la promesse que je vous ai faite, je m’empresse de vous dire que tous les appareils de daguerréotype dont je me suis servi, les vôtres seuls m’ont donné entière satisfaction (...). En un mot, les bords des plaques sont aussi sensibles que le centre, tandis que les autres appareils, et notamment ceux dits allemands, présentent le plus souvent une différence notable entre les bords et le centre des images : si l’image au centre est bonne, les bords restent diffus ; si, par contre, les bords donnent une bonne image, le centre se trouve solarisé. Je ne puis que vous répéter que vos appareils seuls m’ont donné pleine et entière satisfaction. »

E. de Valicourt, (1846) :
         «...vous me demandez de vous exprimer franchement et librement ma pensée quant au mérite de vos objectifs à verres combinés. Je le fais avec d’autant plus de plaisir que mon opinion vous est entièrement favorable (...). Ayant eu occasion d’expérimenter avec un grand objectif construit par Woigtlander (...) les portraits obtenus avec cet objectif étaient généralement peu ressemblants. Quant à la production des paysages, des monuments et de gravures, je n’hésite pas à affirmer qu’elle est complètement impossible avec l’objectif viennois, même en y ajoutant un très petit diaphragme. Le fait me paraît d’une évidence palpable, et sans aucun doute les personnes qui se sont procurés l’objectif allemand au prix énorme de 450 francs, seront les premières à le proclamer (...). Il est fâcheux seulement que ceux qui s’appliquaient dans l’ombre à reproduire servilement votre invention, en même temps qu’ils la dénigraient dans le public, n’aient pas eu le courage d’avouer leur modèle (...). En résumé, j’ai possédé des objectifs de presque tous les systèmes ; je me suis défait de tous, pour m’en tenir exclusivement aux vôtres. Je vous autorise à faire de ma lettre tel usage que bon vous semblera. »

H. Flachéron, (1851) :
         « Je profite de mon passage à Paris pour vous faire remettre quelques nouvelles épreuves obtenues avec la très grande chambre noire à objectifs à verres combinés que vous m’avez fournie il y a déjà trois années et qui est d’après votre système. Je me plais à vous répéter que j’en suis toujours très satisfait. D’ailleurs le succès de mes épreuves (vues de Rome), en fait foi ; car j’en expédie dans le monde entier, sans compter celles qui se vendent chez moi, à Rome, aux artistes et aux amateurs... »

G. Roman, (1854) :
         « ... je recommande vivement les appareils de M. Charles Chevalier. Ils donnent d’excellents résultats et des images parfaites par leur netteté générale, leur éclat, leur vérité, l’absence de toute aberration. La belle qualité des verres blancs donne d’ailleurs une rapidité très suffisante. Je les considère, en un mot, comme le meilleur et le plus fidèle crayon qu’un artiste photographe puisse employer. »

     Ces détournements à son profit publicitaire de la vocation technique de ses ouvrages ainsi que la manifeste utilisation commerciale de ses souvenirs historiques, ne valurent pas que des amis à Charles Chevalier ; à l’occasion d’une critique douteuse émise par lui au sujet du  principe optique de l’appareil panoramique de Martens, les opticiens Lerebours et Secretan lui firent, dans leur livre de 1846, une réponse cinglante assortie d’un règlement de compte dont la violence dépasse, c’est le moins que l’on puisse dire, la simple altercation entre confrères de bonne compagnie. Dans son livre de 1847, Charles Chevalier leur répond à nouveau sur vingt-sept pages et il est probable que leur querelle se poursuivit encore.

      Il n’en demeure pas moins que Charles Chevalier fut un grand opticien, et bien qu’obtenus de façon cavalière, les éloges reproduits ci-dessus sont fondés et ne peuvent pas être mis en doute. Toute la carrière de Charles Chevalier est parsemée de récompenses diverses et de nominations honorifiques. Citons l’éloge que lui fait le baron Séguier, grand photographe lui-même et rapporteur de la Société d’Encouragement, en s’adressant aux membres de cette société le 23 mars 1842 :
         « ... Pour mettre la rémunération en proportion avec le service rendu, et conserver ainsi une très utile gradation dans vos moyens d’encouragement, vous lui décernez en cette circonstance une médaille de platine : la construction de ses objectifs à doubles verres à foyer variable (...) le rend digne de cette récompense. Les modèles d’appareils qu’il vous a présentés, vous ont paru d’une bonne disposition et d’une construction très soignée ; mais les études de M. Charles Chevalier sur la composition des objectifs, ses succès en ce genre obtenus avant tous les autres vous paraissent constituer un progrès plus important (qui) intéresse l’art photographique en général... » 

         En 1849 on lit dans le rapport du jury central de l’Exposition des Produits de l’Industrie Française :
         « ... [les perfectionnements de M. Chevalier] qui se rapportent aux objectifs destinés à la photographie, aux appareils photographiques eux-mêmes, et à quelques instruments de physique, ne laissent aucun doute dans l’esprit du jury : ce sont des progrès véritables qui maintiennent M. Chevalier dans le rang qu’il s’était acquis parmi nos habiles constructeurs, et qui de plus lui assignent l’un des premiers rangs parmi ceux qui ont contribué à porter la Photographie au point de perfection où elle est arrivée. Le jury fait, en faveur de M. Chevalier, un nouveau rappel de la médaille d’or qu’il a obtenue aux expositions précédentes. »

         Charles Chevalier est lui-même membre de la Société d’Encouragement dès 1841, puis de la Société Libre des Beaux-Arts, de la Société Photographique de Londres. En 1844 il se signale comme fournisseur de l’Académie des Sciences, du Collège de France, de la Faculté des Sciences, du Cabinet du Roi, du Conservatoire, de l’Ecole Polytechnique, etc.

      A la grande Exposition Universelle de 1855, Charles Chevalier obtient une médaille de première classe pour l’ensemble de son exposition : microscopes, banc de diffraction, longues-vues, objectifs photographiques, baromètres, boussoles, machine pneumatique de son invention... Le rapport du jury rajoute à ces mérites ceux d’une « ...activité incessante... » et « ... d’avoir forgé un grand nombre d’élèves dont les succès prouvent qu’ils ont appris à bonne école l’art de travailler le verre... » Son fils Arthur, né en 1830 de son mariage avec mademoiselle de Lafayette, est le premier de ces élèves ; se souvenant sans doute de sa tenue à l’écart des affaires de son père et de l’amertume qu’il en avait ressentie, Charles Chevalier associera rapidement son fils à la prospérité de sa maison. Arthur sera présent avec son père dans toute la vie photographique de l’époque et, à la mort de celui-ci le 21 novembre 1859, il prendra la suite de la maison du 158 Palais-Royal.

      L’intérêt, la curiosité, l’activité et le commerce de Charles Chevalier en firent toujours le conseiller et l’ami de photographes et de chercheurs célèbres ou anonymes qui figurent aujourd’hui parmi les pionniers de la Photographie. Sa boutique était lieu de confidences, comme celles de Daguerre, et ses ateliers servirent souvent de champ d’expérimentation aux idées nées de cette permanente collaboration. Beaucoup de photographes amateurs, chercheurs en leurs laboratoires, déposaient chez Chevalier les instruments améliorés par eux, en espérant ainsi qu’ils puissent être vus et imités par beaucoup. Citons ici M. Hamard, pharmacien à Fresnay dans la Sarthe et qui écrit au sujet d’une boite à iodurer les daguerréotypes : « Je me sers d’une boite de mon invention (...) complètement exempte du défaut que je viens de signaler. Les amateurs curieux d’opérer avec une entière certitude peuvent construire une cuvette semblable à celle que j’ai déposée chez Mr. Charles Chevalier, ingénieur-opticien, Palais-Royal 163.» 
      
      Editeur, Charles Chevalier diffuse les perfectionnements que nombre de chercheurs comme Blanquart-Evrard, le baron Gros, Valicourt, Humbert de Molard, Brébisson, Civiale, Cuvelier, Bacot, Bayard, Martin, Charles Laborde ..., et lui-même ne cessent d’apporter à la technique photographique. L’apport de ces informations à l’histoire des débuts de la Photographie est capital. Dans son livre de 1847 il définit clairement sa philosophie en une phrase :
          « Il faut bannir les secrets de la photographie, et chacun doit être fier d’apporter son tribut pour faire progresser cet art admirable ! »
          C’est dans la préface de ce même livre qu’il définit clairement le rôle qu’il se donne :
         « Les progrès incessants de la photographie ne laissent plus de repos aux amateurs zélés, aussi je consacre une partie de la journée à répondre à de nombreux visiteurs ou à des correspondants avides de renseignements nouveaux. Mais comme il serait impossible de satisfaire à toutes les questions qui me sont adressées et que mieux vaut garder le silence que donner des renseignements incomplets, j’ai pris la résolution de publier tous les ans un petit recueil des procédés les plus nouveaux éprouvés par des amateurs distingués et dignes d’inspirer toute confiance aux personnes qui voudraient mettre leurs préceptes en pratique. »
          Ainsi dès la divulgation du procédé de photographie sur papier de Blanquart-Evrard en 1847, les livres qu’il édite reprennent les bases du procédé, enrichies des expériences de l’autrichien Martin, du norvégien Winter, du français Serge Lewitsky et de bien d’autres. Très tôt il a senti que le papier était l’avenir de la photographie et il se fait le vulgarisateur et le défenseur du procédé. Son fils le suivra dans cette voie.

      Charles Chevalier encouragea et suivit Niepce de Saint-Victor dans ses recherches sur le procédé négatif à l’albumine ; avec M. Clemandot il fut le premier à essayer pour la photographie des matières vitreuses nouvelles et en particulier les verres à base de zinc ; comme Fizeau et avec la collaboration de son ami Kramer il applique la méthode de la galvanoplastie à la plaque daguerrienne ; il expérimente sur son «mégascope» des perfectionnements destinés à l’obtention d’agrandissements photographiques et, avec Donné et Foucault, il entrevoit les principes de la microphotographie ; avec Brébisson il s’intéresse aux applications de la photographie papier à la lithographie. Amateur d’art photographique, enfin, son catalogue de 1851 sert de support publicitaire à « l’Album photographique de l’artiste et de l’amateur » de Blanquart-Evrard.

      Conscient de son rôle de témoin historique, Charles Chevalier combat la velléité de l’Anglais Fox Talbot de s’approprier la paternité de l’invention de la Photographie : il prouve définitivement l’antériorité des travaux de Nicéphore Niepce en déposant aux Archives de l’Institut un échantillon photographique que lui avait offert celui-ci en 1827. C’est enfin lui qui suggère à la Société des Beaux-Arts d’ériger un monument à Daguerre en son village de Bry-sur-Marne : ce monument est inauguré le 4 novembre 1852, un an après la mort du maître.

      Charles Chevalier était de ces gens qui rassemblent autour d’eux les idées qui flottent dans l’air du temps. Au carrefour de ces courants il n’est donc pas étonnant de le voir figurer en 1851 et 1854 parmi les fondateurs de la Société Héliographique et de la Société Française de Photographie, au côté d’artistes, de savants et des praticiens les plus illustres. En incitant, en focalisant et en participant activement à toutes les tendances de la jeune Photographie, Charles Chevalier fait partie de ce groupe d’inventeurs qui ont dynamisé et orienté la Photographie dans la voie qui l’a menée jusqu’à nous. A l’occasion de ce nouveau témoignage qu’elle nous livre aujourd’hui, l’Histoire lui en sait gré.


4)  RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

/ 1/  CHEVALIER Charles, Nouvelles instructions sur l’usage du daguerréotype. Description d’une nouvelle photographie et d’un appareil très simple destiné à la reproduction des épreuves au moyen de la galvanoplastie. Paris, chez l’auteur, 1841.

/ 2/  CHEVALIER Charles, Mélanges Photographiques, compléments des nouvelles instruction sur l’usage du daguerréotype. Paris, chez l’auteur,1844.

/ 3/ CHEVALIER Charles, Nouveaux renseignements sur l’usage du daguerréotype. Paris, chez l’auteur, 1846.

/ 4/  LEREBOURS et SECRETAN, Traité de photographie, cinquième édition entièrement refondue, contenant tous les perfectionnements trouvés jusqu’à ce jour, appareil panoramique, différence des foyers, gravure Fizeau, etc. Paris, Lerebours et Secretan, octobre 1846.

/ 5/  GUILLOT-SAGUEZ, Méthode théorique et pratique de photographie sur papier. Paris, Victor Masson, 1847.

/ 6/  CHEVALIER Charles, Recueil de mémoires et de procédés nouveaux concernant la photographie sur plaques et sur papier, Paris, Charles Chevalier éd.

/ 7/  (BLANQUART-EVRARD), Procès-verbal de la séance du samedi 19 juin 1847, de l’Institut de France, Académie Royale des Arts.

/ 8/  (BLANQUART-EVRARD), journal Le Technologiste, mars 1847.

/ 9/  (BLANQUART-EVRARD), journal Le Technologiste, juin 1847.

/10/  AUBREE Charles, Traité pratique de photographie sur papier, sur verre et sur plaques métalliques. Paris, Wulff et Cie, 1851.

/11/  BLANQUART-EVRARD (de Lille), Traité de photographie sur papier, avec une introduction par M. Georges VILLE. Paris, Librairie encyclopédique de Roret, 1851.

/12/  LE MOYNE, Photographie sur verre, mémoire concernant l’obtention à la chambre noire d’épreuves positives sur verre de nature à servir également de clichés pour les reproductions sur papier. Limoges,1851.

/13/  BREBISSON (de) Alphonse, Nouvelle méthode de photographie au collodion. Paris, Charles Chevalier, 1852.

/14/  LE GRAY Gustave, Traité pratique de photographie sur papier et sur verre. Paris, Baillière, 1850.

/15/  LE GRAY Gustave, Nouveau traité théorique et pratique de photographie sur papier et sur verre contenant des publications antérieures et une nouvelle méthode pour opérer sur un papier sec restant sensible huit à dix jours. Paris, Lerebours et Secretan, I851.

/16/  LE GRAY Gustave, Photographie : Traité nouveau théorique et pratique des procédés et manipulations sur papier sec, humide et sur verre au collodion, à l’albumine. Paris, Lerebours et Secretan, 1852.

/17/  LE GRAY Gustave, Photographie : Traité Nouveau... Édition nouvelle renfermant tous les perfectionnements apportés à cet art jusqu’à ce jour. Paris, Lerebours et Secretan, 1854.

/18/  TILLARD, Nouveau procédé de photographie sur papier. Paris, 1854.

/19/  CHEVALIER Charles (éditeur), Guide du photographe. Première partie : « Description et emploi raisonné des instruments d’optique appliqués à la photographie », par Charles Chevalier.  Deuxième partie : «Nouveaux mémoires et renseignements sur les moyens d’obtenir de belles épreuves sur papier, collodion, albumine et plaques métalliques », par Messieurs G. Roman, Cuvelier, Dufaur, Laborde, Arthur Chevalier, etc... Troisième partie : «Éloge de Daguerre, Documents historiques, Lettres inédites de N. Niepce, etc...». Paris, Charles Chevalier, 1854.

/20/  BELLOC Auguste, Les quatre branches de la photographie. Traité complet théorique et pratique des procédés de Daguerre, Talbot, Niepce de Saint-Victor et Archer. Paris, chez l’auteur, 1855.

/21/  GEOFFROY Stéphane, Traité pratique pour l’emploi des papiers du commerce en photographie, nouveaux procédés améliorateurs… Paris, Cosmos, 1855.

/22/  CHEVALIER Charles, Nouveaux procédés de photographie sur papier. Paris, chez l’auteur, 1856 et 1857.

/23/  CHEVALIER Charles (éditeur), Photographie sur papier sec, glaces albuminées, collodion, plaques métalliques. Divers procédés, par Messieurs E. Bacot, Baillieu d’Avrincourt, Bayard, Arthur Chevalier, A. Festeau. Description d’une nouvelle chambre obscure pour opérer en pleine lumière. Avantages de l’objectif à verres combinés inventé par Charles Chevalier. Paris, Charles Chevalier, 1857.

/24/  VAN MONCKOVEN D., Méthodes simplifiées de photographie sur papier. Paris, Marion et Gaudin, 1857.

/25/  LATREILLE (de) Edouard, Répertoire général de photographie ou formulaire complet de cet art d’après les meilleurs auteurs. Paris, Roret, 1858.

/26/  CHEVALIER Charles (éditeur), Méthodes photographiques perfectionnées : papier sec, albumine, collodion sec, collodion humide, par M.M. Civiale, de Brébisson, Baillieu d’Avrincourt, de Nostitz, Bacot, Adolphe Martin, Niepce de Saint-Victor, etc. Optique photographique et stéréoscope par Charles Chevalier. Notes diverses par Arthur Chevalier. Paris, Ch. Chevalier, 1859.

/27/  ROBIQUET E., Manuel de photographie, 1859.

/28/  LA BLANCHERE (de) Henri, Répertoire encyclopédique de photographie comprenant par ordre alphabétique tout ce qui a paru en France et à l’étranger depuis la découverte par Niepce et Daguerre de l’art d’imprimer au moyen de la lumière, et les notions de chimie, physique et perspective qui s’y rapportent, 2 tomes. Paris, 1860.

/29/  BARRESWIL et DAVANNE, Chimie Photographique contenant les éléments de chimie expliqués par des exemples empruntés à la photographie ; les procédés de photographie sur glace (collodion humide, sec ou albuminé), sur papier, sur plaques ; la manière de préparer soi-même, d’essayer, d’employer tous les réactifs et  d’utiliser tous les résidus, etc., troisième édition. Paris, Mallet-Bachelier, 1861.

/30/  VALICOURT Edmond, Nouveau manuel complet de Photographie sur métal, sur papier et sur verre. Paris, Roret, 1862.

/31/  CHEVALIER Arthur, Étude sur la vie et les travaux scientifiques de Charles Chevalier. Paris, Chevalier, 1862.

/32/  MAYER et PIERSON, La photographie. Paris, Hachette, 1862.

/33/  RUSSEL C., Le procédé au tanin, traduit de l’anglais par Aimé Girard, deuxième édition. Paris, 1864.

/34/  VAN MONCKOVEN D., Traité général de photographie, cinquième édition. Paris, Victor Masson, 1865.

/35/  CHEVALIER Arthur, L’étudiant photographe, Paris, Hetzel, 1867.

/36/  FIGUIER Louis, Les Merveilles de la Science, tome 3. Paris, Furne et Jouvet éd., 1869.

/37/  DAVANNE Alphonse, La photographie, traité théorique et pratique, tome 1. Paris, Gauthier-Villars, 1886.

/38/  FABRE Charles, Traité encyclopédique de Photographie, tome 2. Paris, Gauthier-Villars, 1889.

/39/  VIDAL Léon et al., Photographie (matériel, procédés et produits), Musée rétrospectif de la classe 12 à l’Exposition Universelle de 1900 à Paris, Rapport du Comité d’Installation. Paris, 1900.

/40/  EDER Josef Maria, History of Photography, quatrième édition (1932), traduit de l’allemand par Edward Epstean. New-York, Dover Pub. Inc., 1972.

/41/  LECUYER Raymond, Histoire de la Photographie. Paris, Baschet, 1945.

/42/  HARMANT Pierre G., LEFEBVRE Bernard, Charles-Louis Chevalier, Pavillon de la Photographie du Parc Régional de Brotonne. Rouen, 1974.

/43/  CHRIST Yvan, BOVIS Marcel, 150 ans de Photographie Française. Paris, Poto-Revue Publications, 1979.

/44/  À l’origine de la Photographie, le calotype au passé et au présent, catalogue d’exposition. Paris, Bibliothèque Nationale, département des Estampes et de la Photographie, 20 juin-24 juillet 1979.

/45/  LE POURHIET Alain, Allégorie, revue Photographies, n°4. Paris, avril 1984