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Une Bretonne mégalomaniaque
droit de réponse d'un Breton

        Le père de notre autrice est né à Plouzobic dans les Côtes-d'Armor. Une personne proche d'elle, celle-là même qui m'a signalé les perles ci-dessous, écrit :

        [Pour elle] le "made in Plouzobic " [est] le summum de la Celtitude, de la Bretonnité, de l'Argoatitude et de l'Armoricité, le nec plus ultra de la civilisation...
        Oïez, oïez  ce ramage étonnant
[...] :
  

Question posée : En quoi la Bretagne entre-t-elle de manière déterminante dans votre œuvre ?

Elle : Elle n’entre pas ! C’est mon œuvre qui en sort ! [1] La Bretagne est le noyau irradiant. Je viens de là. Je viens de l’Armorique. J’aime mieux dire : la Celtie, parce qu’il y va d’une manière ancestrale d’être au monde plutôt que d’une présence géographique. Je me frotte à la matière de Bretagne comme à un silex [2], car j’appartiens à une génération qui a vécu la double appartenance à la Bretagne et à la France comme une division : je suis née d’une mère, fille d’un marin de la Royale [3], qui ne voyait que par Racine et Mauriac [4] , et d’un père, fils de paysan miséreux des Côtes d’Armor, qui n’avait parlé que le breton jusqu’à l’entrée à l’école à l’âge de huit ans (mais récitait par cœur Homère à dix-huit ans) [5]. La société bretonne étant matriarcale, l’influence de ma mère l’a emporté, et j’ai été élevée en Française jacobine, dédaigneuse des traditions bretonnes [6]. C’est adulte que j’ai renoué avec ma celtitude, grâce à Morvan Lebesque et surtout Jean Markale, un ami proche. Aujourd’hui je ne suis plus en Bretagne [7] : c’est la Bretagne qui est en moi [8] ; elle oriente mes sentiments, mes pensées, détermine mon style aussi, car je suis consciente de ce que la langue bretonne [...] que je ne parle pas et ne comprends pas, coule dans mes veines et me vient naturellement au bout de la plume [9]. Ajoutons que celte, je me sens fille (humble fille) [10] de Joyce : sa méthode digressive, tantôt spiralée (typiquement celtique), tantôt étoilée, qui permet de ramasser le monde dans une poignée d’heures ou de jours, s’impose à moi très naturellement. [11]

 

[1] Le ton est donné.

[2]
"Silexus phallus fricat hard breizh menhir pro copulatio et crac-boum coitum." (Hilare Poilaunet dixit)

[3]
Fausse pompe. L'appellation grandiloquente et spécieuse de Royale disconvient ici. Certes le mot fait joli dans la phrase, mais il n'est plus guère utilisé que par des historiens et des officiers nostalgiques ou monarchistes soucieux d'imperméabiliser leur clan. Ledit Pépé, engagé volontaire à 15 ans commme mousse dans la Marine Nationale (et surtout pas dans la Royale), ne fut jamais qu'un simple sous-officier durant toute sa carrière militaire, puis un retraité dès 40 ans, reconverti dans les assurances de village et dans l'élevage de ses poules.

[4] Faux. Elle n'a rien lu de Racine, à part une tirade célèbre, et seulement un ou deux livres de Mauriac. Elle était d'abord intéressée par les cours de la bourse.

[5] Dithyrambique, évidemment faux, et tout simplement ridicule.

[6] Faux, c'est tout le contraire. Ses deux parents lui ont chanté Botrel durant son enfance. Aux fêtes traditionnelles, ils lui ont fait danser le jabadao avec les autres enfants de leur village. Et voici le portrait d'une petite Bretonne à laquelle ses deux parents attentifs — oui, les deux — l'ont toujours identifiée :



[7] Faux. Elle vit dans le Morbihan plusieurs mois par an, chez elle, dans sa maison ; et le reste à Paris, chez elle encore.

[8] L'œuvre" sortait tout à l'heure de la Bretagne [1], la Bretagne est maintenant dans l'autrice, et ladite s'identifie aussi à son œuvre [12] ! Dans un tel cycle, comment ne pas comprendre qu'elle accouche d'elle-même et qu'en cette analogie psychanalytique elle reste en recherche de sa propre mère ? Rions !

[9] Une phrase d'anthologie. A lire et relire en cas de déprime.

[10] Qu'est-ce que ce serait si elle n'était pas humble !

[11] Comprenne qui peut ! Et rie qui veut !


[12] Autre question posée par un libraire : Qui est cette femme [Anna, le personnage de votre livre] ?

Elle : Anna c'est évidemment moi, car sinon ce ne serait pas intéressant [...]

    Ben voyons !


Autre question, réponse du même tonneau : " Jean Vercors [Le Silence de la Mer] a écrit un livre d'homme et de circonstance, dont l'histoire ne résiste pas à un examen logique. Toutefois j'ai dédié mon livre à sa mémoire, car la présence tutélaire du Résistant ne m'a pas quittée au long [de mon] travail, comme si, regardant par-dessus mon épaule, il m'exhortait à réécrire son livre... "

    L'immense Vercors corrigé par une pimbêche  ! Chaud !


Etc.

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