
A. Le Pourhiet, Résolution numérique
des équations aux dérivées partielles :
une
première approche. Éditions_Cépaduès, Toulouse, 1988.
Les
équations aux dérivées partielles sont
présentes dans toutes les branches de la physique et
de l'ingénierie : thermique, mécanique des fluides,
électricité, génie chimique, biologie,
géologie, etc. Les méthodes informatiques de leur
résolution concernent donc un vaste public scientifique.
En éliminant au maximum l'environnement de mathématiques
théoriques habituel à l'exposé de ces méthodes,
cet ouvrage s'adresse essentiellement aux ingénieurs,
chercheurs et étudiants désireux avant tout de
s'initier à des techniques de résolution pratiques
et concrètes. Les méthodes de résolution
numérique sont clairement dissociées en deux grandes
familles :
- celles qui sont basées sur les
approximations d'équations (différences finies)
;
- celles qui impliquent une structure
d'approximation de solution (résidus pondérés,
éléments finis).
Les principes et les performances des méthodes sont présentés
et analysés sur des exemples simples. Le niveau rnathématique
requis est celui du premier cycle des universités et
de l'entrée aux écoles d'ingénieurs.
Chapitre I : Classification
des équations aux dérivées partielles
Rappel sur la classification des coniques, mise sous forme d'état
d'une équation, notion de caractéristique, équations
d'évolution et équations stationnaires.
PREMIER TYPE DE RÉSOLUTION :
MÉTHODES D'APPROXIMATION D'ÉQUATIONS
(DIFFÉRENCES FINIES) |
Chapitre II : Représentativité
d'une solution numérique
Erreur de troncature, notion de consistance, définition
et calcul de la matrice d'amplification, stabilité, convergence,
théorème de Lax.
Chapitre III : Équations
paraboliques
Équations à une dimension d'espace : schémas
explicite, implicite, mixte pondéré ; choix du coefficient
de pondération, méthode de Crank-Nicholson. Équations
à plusieurs dimensions d'espace : extension des méthodes
à une dimension, méthodes à pas fractionnaires
réels et virtuels (directions alternées, désintégration,
corrections stabilisatrices...).
Chapitre IV : Équations hyperboliques
Domaines d'influence et de dépendance, équation
des ondes, résolution à l'aide des caractéristiques
; méthodes des différences finies en maillage
classique ; équations scalaires et matricielles, schémas
de discrétisation centrés et décentrés
; méthodes à pas fractionnaires.
Chapitre V : Équations elliptiques
Principe de résolution itérative des équations
stationnaires, méthode des déplacements simultanés
et successifs. Méthodes de relaxation, de Frankel-Young, des
directions alternées, taux de convergence, analyse comparative
des différentes méthodes.
Chapitre VI : Discrétisation
des dérivées partielles
Discrétisations monodimensionnelle et bidimensionnelle
en pas variables ; maillages géométriques rectangulaire,
triangulaire, hexagonal.
DEUXIÈME
TYPE DE RÉSOLUTION :
MÉTHODES D'APPROXIMATION DE SOLUTION |
Chapitre VII : La méthode des résidus
pondérés
Formulation intégrale normale : méthodes de collocation,
de Galerkin, des fonctions splines ; formulation faible, notion
d'éléments finis.
Chapitre VIII : Résolution
par minimisation de fonctionnelle : méthode de Ritz
Rappel d'analyse fonctionnelle, obtention d'une fonctionnelle
à partir du système différentiel.
Chapitre IX : La méthode
des éléments finis : principes de base et exemple
introductif monodimensionnel
Définition de la méthode. Fonctions d'interpolation,
constitution pratique du système à résoudre,
assemblage d'éléments, partitionnement, variables
nodales supplémentaires.
Chapitre X : La méthode
des éléments finis : mise en oeuvre en espace
à deux et trois dimensions
Coordonnées de surface et de volume ; éléments
rectangulaires, triangulaires, parallélépipédiques,
tétraédriques ; fonctions d'interpolation de Lagrange
et Serendip ; éléments courbes isoparamétriques.
Annexes : Formule
de Green, méthodes d'intégration numérique, la recette du kig-ha-farz.
BUT DE L'OUVRAGE
Les équations aux dérivées
partielles sont des équations différentielles
mettant en jeu plusieurs variables indépendantes ; celles-ci
sont des variables d'espace auxquelles s'ajoute le temps lorsque
l'équation traduit un phénomène d'évolution.
Ces équations ont leur origine dans l'écriture
des bilans microscopiques de masse, de mouvement ou d'énergie,
et c'est dire qu'on les rencontre dans tous les domaines de
la physique : thermique, mécanique, électricité,
géologie, biologie, etc. Les équations de la diffusion,
par exemple, concernent autant le thermicien qui analyse les
propriétés isolantes d'un matériau, que
le géologue qui étudie les transferts d'humidité
dans une roche poreuse, ou encore que le biologiste intéressé
à la migration d'une population bactériologique
dans un milieu organique. L'écriture et la résolution
des équations aux dérivées partielles s'adressent
donc à un vaste public scientifique.
Le présent ouvrage ne concerne pas l'écriture
des bilans qui conduisent à représenter les phénomènes
par des équations aux dérivées partielles
; nous renvoyons pour cela le lecteur aux multiples ouvrages
spécialisés de physique théorique ou appliquée.
Ces équations ont donc été écrites
déjà, et on peut admettre qu'elles traduisent
convenablement la réalité qu'elles sont supposé
représenter. Le but de ce livre est seulement d'exposer
les méthodes conduisant à leur résolution
pratique. Comme on ne sait pas, en général, trouver
les solutions analytiques des équations aux dérivées
partielles, il est nécessaire d'en chercher des solutions
approchées, aussi voisines que possible de ces solutions
exactes inconnues.
Les méthodes de résolution approchée
présentées ici sont exclusivement des méthodes
conduisant à des algorithmes numériques destinés
à être implantés sur calculateur. C'est
en effet avec l'avènement des calculateurs puissants
que se sont développés et multipliés les
outils méthodologiques de résolution dont l'exigence
en capacité de mémoire est souvent très
grande. Le maniement des ordinateurs est désormais familier
aux étudiants, aux chercheurs, et aux ingénieurs
de toutes les branches scientifiques, et la pratique de ces
résolutions peut donc être accessible à
tous. Toutefois, la plupart des livres consacrés à
la résolution numérique des équations aux
dérivées partielles sont à vocation essentiellement
mathématique ; ils s'adressent donc difficilement à
un nombreux public d'étudiants et d'ingénieurs
qui ne veulent, ou ne peuvent, faire l'effort nécessité
par la compréhension d'ouvrages abstraits dont les préoccupations
se situent loin de tout pragmatisme. Notre souci a donc été
de réunir ici, de façon homogène et en
éliminant au maximum l'environnement théorique
habituel à ces exposés, les principes de base
des méthodes numériques capables de répondre
à leurs besoins. C'est pourquoi, dans la présentation
qui suit, on insistera davantage sur les aspects les plus utiles
pour l'ingénieur, sans trop insister sur des démonstrations
et validations théoriques, importantes certes, mais qui
ne nous ont pas semblé indispensables du premier point
de vue d'un utilisateur soucieux avant tout de s'initier à
des techniques pratiques et concrètes.
Le contenu et le plan de ce livre correspondent
à l'enseignement donné par l'auteur en quatrième
année de spécialisation à l'École
Nationale Supérieure de l'Aéronautique et de l'Espace.
Cet enseignement, d'ingénieur à ingénieurs,
n'est pas un cours de mathématiques et ce livre ne doit
pas être considéré comme tel ; il correspond
au manuel simple qu'aurait aimé trouver l'auteur lorsqu'il
a commence à s'intéresser, dans le cadre de l'optimisation
de processus physiques et industriels, à la résolution
numérique des équations aux dérivées
partielles. Cet ouvrage est le résultat du travail bibliographique
de résumé et de synthèse effectué
alors et depuis ; nous souhaitons que le lecteur puisse profiter
de l'expérience ainsi réunie et acquérir
assez facilement les notions essentielles, quitte à approfondir
ensuite un problème spécifique à l'aide
de références spécialisées ainsi
rendues plus accessibles. En tout état de cause ce livre
ne constitue donc qu'une première approche de la résolution
numérique des équations aux dérivées
partielles.
PLAN DE L'OUVRAGE
Les méthodes de résolution
des équations aux dérivées partielles sont
classées en deux grandes familles radicalement différentes
dans leurs principes. La première concerne les algorithmes
basés sur les équations discrétisées
des équations physiques continues ce sont les méthodes
dites "d'approximation d'équations" ou encore "aux différences
finies". La seconde famille regroupe les méthodes qui
abordent le problème non plus par des équations
approchées, mais directement par des modèles de
solutions approchées : ce sont les méthodes "d'approximation
de solutions". Après un premier chapitre de généralités,
on consacre à ces deux familles de méthodes respectivement
cinq et quatre chapitres dont les contenus sont sommairement
décrits ci-après.
Le chapitre
1, introductif, concerne la classification générale
des équations aux dérivées partielles.
Cette classification est établie, au départ, sur
l'équation particulière d'ordre deux et à
deux variables indépendantes, en s'inspirant de la classification
des équations algébriques des coniques ; on définit
ainsi, simplement d'abord, les équations elliptiques,
paraboliques et hyperboliques, puis on associe ces définitions
à celle des directions caractéristiques de l'équation.
Une seconde classification, fondamentale pour la compréhension
et la mise en œuvre des algorithmes itératifs de
résolution numérique, est établie parallèlement
à la première : elle distingue les équations
d'évolution et les équations stationnaires. Dans
ce chapitre, on insiste aussi sur la mise sous forme matricielle
des équations scalaires, la forme matricielle étant
d'utilisation informatique plus efficace.
Le chapitre
2 concerne la représentativité de la solution
numérique d'une équation aux dérivées
partielles discrétisée par la méthode des différences
finies. Cette représentativité est assurée,
sous certaines réserves, à condition que l'équation
discrète soit consistante avec l'équation continue
d'origine, et que sa résolution soit stable. On précise
dans ce chapitre la définition des notions de consistance,
de stabilité et de convergence ; on développe la méthode
générale qui permet de calculer la précision
que l'on peut attendre du schéma discret choisi ; on donne
enfin la règle de calcul de la relation à laquelle
doivent éventuellement obéir les pas de discrétisation
pour que la stabilité soit garantie. De nombreux exemples
classiques et simples illustrent cela.
Le chapitre
3 est consacré à la résolution des
équations paraboliques, pour lesquelles l'équation
de la diffusion sert d'exemple. Dans le cadre de l'équation
à une seule dimension d'espace, on approfondit les performances
des schémas explicite, implicite et mixte tant sur le
plan de la précision que sur celui de la stabilité.
Pour plusieurs dimensions d'espace, on donne un exposé
unifié des méthodes à pas fractionnaires
réels et virtuels ; l'importance pratique de ces méthodes
est très grande.
Le chapitre
4 est réservé à la résolution
des équations hyperboliques par la méthode des
différences finies. Deux types de maillages discrets
sont utilisés : le maillage naturel qui utilise les directions
caractéristiques réelles propres à ce type
d'équations, et le maillage conventionnel préétabli
en coordonnées classiques, cartésiennes ou autres.
En raison de leur importance pratique et de leurs qualités
pédagogiques, les équations linéaires du
premier et du second ordre sont étudiées en détail,
et particulièrement l'équation des ondes sous
ses formes scalaire et matricielles.
Le chapitre
5 traite de la résolution des équations
stationnaires elliptiques. Après quelques rappels utiles
des méthodes itératives de minimisation de normes
quadratiques associées aux systèmes algébriques
symétriques et définis positifs, on développe
les méthodes itératives de résolution des
grands systèmes algébriques issus de la discrétisation
des équations stationnaires : méthodes des déplacements
simultanés, des déplacements successifs, méthodes
de relaxation à convergence accélérée,
méthodes dérivées des équations
d'évolution. En raison de ses remarquables performances
en rapidité de calcul, une place spéciale est
donnée à la méthode de relaxation optimale
de Frankel-Young, sans doute la plus utilisée en pratique.
Sur l'exemple important et simple de l'équation de Laplace,
toutes ces méthodes sont ensuite comparées entre
elles, du point de vue de leur rapidité et des difficultés
relatives de leur mise en œuvre.
Au chapitre
6 on établit quelques formules générales
et utiles pour discrétiser les dérivées
partielles en pas variables. Pour l'espace à deux dimensions,
on donne quelques maillages spéciaux particulièrement
adaptés au découpage de certaines surfaces.
C'est par la méthode des résidus
pondérés qu'au chapitre
7 on aborde le principe de résolution impliquant
des modèles approximatifs de solution ; la notion d'éléments
finis est ensuite introduite à l'aide de la méthode
particulière des fonctions splines. Par l'utilisation
de la formule de Green (*), la formulation normale des résidus
pondérés est transformée en une autre formulation
dite "faible", moins exigeante en continuité pour l'approximation
de solution, et dont la résolution est d'autant plus
facilitée qu'on utilise la méthode de Galerkin.
On suggère enfin que l'utilisation conjointe de la formulation
faible, de la méthode de Galerkin et des éléments
finis, semble la plus appropriée pour résoudre
les problèmes à géométrie complexe.
Le chapitre
8 commence par quelques rappels mathématiques
sur les méthodes variationnelles et sur l'analyse fonctionnelle.
Ces rappels ont pour but essentiel de montrer que la minimisation
d'une fonctionnelle est équivalente à la résolution
de son équation différentielle d'Euler ; plus
précisément, on montre que la minimisation de
la fonctionnelle par la méthode de Ritz conduit à
la résolution du même système algébrique
que celui obtenu par la méthode de Galerkin appliquée
à la formulation intégrale faible de l'équation
d'Euler. La bonne compréhension de cette équivalence
est importante en pratique car beaucoup de problèmes
physiques sont directement posés en termes de minimisation
d'une fonctionnelle naturelle.
Par souci pédagogique, il a
paru souhaitable de bien dissocier la compréhension des
principes de base de la méthode des éléments
finis et les techniques de sa mise en œuvre. Les principes
de base et les règles générales d'utilisation
sont énoncés au chapitre 9 en s'appuyant, tout au long
de celui-ci, sur un exemple mono-dimensionnel de la plus grande
simplicité. Cette approche a pour but de faciliter au
maximum le travail d'assimilation. demandé au lecteur
; en effet, les principes de base étant les mêmes
quel que soit le nombre de variables indépendantes, l'extension
de la méthode des éléments finis aux cas
bi- et tri-dimensionnels n'est plus alors qu'affaire de généralisation
et de technique. En raison de l'importance considérable
de cette méthode, c'est pour dissocier ces deux étapes
avec le maximum de clarté qu'elles ont été
isolées dans deux chapitres différents. On a voulu
ainsi éviter de rebuter d'entrée le lecteur par
un exposé trop théorique ou par un exemple trop
compliqué, et le familiariser en douceur avec une méthode
dont l'approche n'est pas toujours évidente.
Pour les problèmes à
deux et trois dimensions d'espace, le chapitre
10 n'est ainsi exclusivement consacré qu'à
la géométrie des découpages spatiaux élémentaires
et à l'algèbre des fonctions d'interpolation correspondantes.
Dans tout cet ouvrage, un losange blanc
précède les titres des paragraphes qui demandent
un effort d'assimilation mathématique plus important
ou dont la lecture n'est pas indispensable à la compréhension
de la suite. La bibliographie est sommaire et a été
réduite aux titres essentiels recouvrant la totalité
du sujet traité; ceux-ci ont été retenus
comme étant ceux dont la lecture reste la plus abordable
et, à notre avis, la plus rentable pour l'ingénieur
désireux de poursuivre plus loin sa connaissance sur
le sujet. Les articles focalisés sur des problèmes
particuliers ont volontairement été écartés
de cette bibliographie.
REMERCIEMENTS
Nous tenons ici à remercier
Électricité de France pour le financement d'études
menées au Département d'Automatique du Centre
d'Études et de Recherches de Toulouse (ONERA-CERT) et
parallèlement auxquelles une partie de ce travail a été
effectuée. Nos remerciements vont aussi à Soizic
Le Menec'h, crêpière dans le Haut-Léon,
et dont la participation inattendue à la fin de cet ouvrage
aura peut-être le mérite de ne pas laisser sur
sa faim un lecteur dont nous n'aurions su que trop partiellement
combler l'appétit.
(*) NOTE : LE PLANIMÈTRE DE AMSLER
Voir une application pratique (et amusante) de la formule de Green dans le planimètre de Amsler qui permet de mesurer des aires grâce à la circulation d'un pointeur sur leur contour.
Sur l'image ci-dessus, l'appareil est ancré sur le plan par le socle A immobile, et la pointe B circule sur le contour de la surface. L'aire mesurée au vernier est (évidemment) indépendante de la position de A, conformément à la formule de Green.
autres Images : cliquer ici. Détails mathématiques : cliquer ici ou là
La recette du “kig-ha-farz”
(en breton “porc et far”)
Étonné à juste titre,
le lecteur fourvoyé ici se demandera s’il ne s’est
pas trompé de livre, ou bien comprendra-t-il avec malice
que les quelques allusions culinaires faites dans cet ouvrage
n’étaient que des prétextes préparatoires
à cet exposé insolite de la recette du kig-ha-farz
; peut-être même pensera-t-il que cet exposé
constituait la véritable finalité du livre ; la
référence [30] est un précédent à
ce genre de subterfuge. Au lecteur réticent et bousculé
dans sa rigueur mathématique, disons que l’assimilation
des équations aux dérivées partielles est
parfois indigeste, et que la parenté de celles-ci avec
le kig-ha-farz est donc toute trouvée ; la dérive
du sujet traité n’étant ainsi plus totale,
elle est donc partielle et peut permettre de justifier la présente
incartade.
L’histoire du kig-ha-farz et les
diverses variantes communales de sa préparation demanderaient
à elles seules tout un livre. Il n’est pas dit toutefois
qu’un éditeur trouverait les justifications suffisantes
pour sa publication ; nous profitons donc ici de notre lancée
pour initier le lecteur à une connaissance qui nous est
chère.
Jusqu’au dix-huitième siècle,
le saumon et le kig-ha-farz constituaient l’essentiel de la
nourriture des travailleurs agricoles dans la partie nord de la pointe
de Bretagne (le Léon), tant l’un et l’autre étaient
peu dispendieux. Les rivières regorgeaient du premier et les
cultures de blé noir (sarazin) fournissaient l’essentiel
de la matière du second. Pour éviter les excès
abusifs d’employeurs particulièrement économes,
certains employés de ferme exigeaient que fût stipulé
dans leur contrat de travail le nombre maximum hebdomadaire de chacun
de ces deux repas !
Alors que la dégustation du saumon sauvage
est aujourd’hui un plaisir gastronomique relativement onéreux,
la consommation traditionnelle du kig-ha-farz est curieusement devenue
aussi peu commune, et cela malgré un coût de préparation
toujours très bas. Le lecteur qui aura été jusqu’au
bout de l’expérience qui lui est ici proposée
et qui, repu, en reviendra, rapportera sans doute quelques éléments
d’explication à cette singularité de l’Histoire.
Quelle que puisse être cette explication, c’est en hommage
à ses racines que l’auteur tente ici une réhabilitation
du kig-ha-farz.
INGRÉDIENTS (pour six personnes)
- 1 litre de farine de blé noir,
un demi-litre de lait, 4 œufs ;
- 2 cuillerées à café
de sel fin, 3 cuillerées à soupe de sucre ;
- 400 grammes de beurre, 75 grammes de
saindoux ;
- 300 grammes de lard salé, 3 petits
jarrets de porc ;
- 3 poireaux, 3 oignons, 3 petits navets,
3 carottes, 5 échalotes, G pommes de
- terre.
MATÉRIEL : un sac d’un volume
de deux litres et demi environ, en grosse toile cousue ; une
grosse marmite.
PRÉPARATION :
- Éplucher les légumes ; couper
en deux chaque oignon ; hacher finement les échalotes.
- Mélanger farine, lait, œufs,
sel, sucre, saindoux et 75 grammes de beurre jusqu’à
obtention d’une pâte bien homogène.
- Laver le sac à l’eau chaude
; y verser la pâte ; bien fermer le sac en nouant une
ficelle et en prenant garde de laisser un vide pour permettre
au far de gonfler.
- Remplir la marmite de cinq litres d’eau
froide ; y mettre les légumes, sauf les échalotes
et les pommes de terre ; porter à ébullition.
- Plonger vivement le sac dans la marmite,
puis le lard et les jarrets ; l’eau doit recouvrir l’ensemble
(en rajouter si nécessaire) ; laisser cuire deux heures
à feu doux ; au bout d’une heure et demi, rajouter
les pommes de terre.
- Enlever le sac de la marmite ; le rouler
puis en extraire habilement et doucement le contenu (attention,
ce n’est pas évident) ; les traces des plis du
sac doivent apparaître sur la surface du far ; découper
en tranches de un à deux centimètres d’épaisseur.
- Faire revenir les échalotes à
la poêle dans 75 grammes de beurre, puis les incorporer
à 300 grammes de beurre fondu ; avec la sauce ainsi
constituée (le lipic), on nappe individuellement le
contenu de son assiette (attention, abus dangereux).
Traditionnellement c’est le cidre brut et amer
qui accompagne le kig-ha-farz.
RÉFÉRENCES :
[30] J.M. Simmel, On
n'a pas tous les jours du caviar, Éditions
Robert Laffont, 1966.
[31] Soizic Le Menec'h, (tradition orale).
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