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Dagobert de La Butte aux Piles

LE  GRAND  INQUISITEUR

Pièce de théâtre traduite du latin et du vieux français par Hilare Poilaunet


Brouette féminine sommaire à quatre éléments.
Peinture de François Boucher
d’après une idée de Mme de Sévigné
( courtoisie du musée de Baderne-sur-Lauquet ).

Avec les commentaires (dans cet ordre) de :

Jean-Paul Sartre
Shakespeare (1)
Pierre Desfeuilles (1)

Henri IV

Jacob et Wilhelm Grimm

Françoise Dolto
Jean de La Fontaine (1)

Rabelais (1)
Pancrace Eusèbe Z. Brioché
Gustave Flaubert

Descartes (1)

Lépine,
Père H.D. Lacordaire

Voltaire
André Hormez
Alphonse Allais

Henri Bergson

Jules Romains
Paul Claudel
Charles Baudelaire (1)

Henri Christiné
Georges Villard,
Joséphine Baker

Charles Baudelaire (2)
Alcofribas Nasier

Jean de La Fontaine (2)

Benjamin Rabier
Shakespeare (2)
Sainte-Beuve

Benjamin Franklin
Galilée
Chateaubriand

Alphonse Daudet
Bobby Lapointe

Alfred Jarry
Félix Gaffiot
Claude Lucas
Élisée Reclus

Molière

Raymond Queneau
Max Bouchaballe

Nicolas Restif de La Bretonne,
Mgr Dupanloup
Shakespeare (3)
Mac-Mahon
Stéphane Mallarmé

Danton
Mme Irma

Hillary Clinton
Rabelais (2)
Paul Guth

Robert Scott
Roald Amundsen

Sigmund Freud

Pierre Dac
Dr André Soubiran

Rodrigo Borgia (pape Alexandre VI)
Pierre Desfeuillee (2)

W. A. Mozart
Jules Michelet
Shakespeare (4)

Edmond Rostand

Louis Aragon
John Grand-Carteret

Lonhard Euler
Nicolas Sarkozy
John Huston

Humphrey Bogart
Edgar J. Jacobs

André Citroën
,
Balthazar van der Pol

Gaspard Monge

François Arago

Mme de Sévigné

Nicolas Sarkozy
Lénine
Louis Pasteur
Descartes (2)

Fénelon
Victor Hugo

Jean Giraudoux
Bossuet
Sacha Guitry
Jean Cocteau

Paul Féval

Mgr Loménie de Brienne
cardinal Jean Daniélou


    Hilare Poilaunet, mon alter ego anagrammatique bien connu pour ses travaux sur la littérature paillarde au Moyen-Âge, a enfin traduit Le Grand Inquisiteur et souhaite le publier. Avis aux éditeurs intéressés. En primeur, cet ami  m’autorise à offrir le texte intégral aux visiteurs de mon site.


Avant-propos

Liste des personnages

Résumé et texte intégral

Le Grand Inquisiteur : version de concert


AVANT-PROPOS   


     Le manuscrit original du Grand Inquisiteur est conservé depuis la fin du quinzième siècle à la bibliothèque municipale de Baderne-sur-Lauquet, une petite ville des Corbières sise tout près de Lagrasse, à mi-chemin entre Limoux et Carcassonne. Bien qu’il ne soit pas signé on sait que son auteur est le comte Dagobert de La Butte aux Piles, un poète à qui l’on doit quelques recueils de madrigaux légers mais dont l’œuvre maîtresse est indubitablement celle-ci. Cette attribution, due au fait que de l’un des personnages du récit porte le nom du poète et serait son arrière grand-père, a été longtemps controversée par des historiens qui voyaient là une œuvre de fiction plus tardive ; mais certaines références trouvées récemment dans les archives du Vatican confortent la première hypothèse, et finalement, grâce à divers autres recoupements qui ne seront pas exposés ici, on peut même affirmer la parfaite authenticité de tous les personnages et des faits rapportés dans Le Grand Inquisiteur.

     L’essentiel du texte est en vieux français ou en latin. Toutefois certains passages sont écrits dans des dialectes ibériques et germaniques ; ils témoignent de l’éclectisme de l’auteur, un éclectisme tenant d’une part à son appartenance à une lignée de haute culture et d’autre part à la position géographique des Corbières sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle. La forme alterne curieusement entre prose et dialogues proches du théâtre. Après Rabelais, beaucoup de gens de lettres sont venus à Baderne-sur-Lauquet consulter le manuscrit du Grand Inquisiteur. Marqués par l’avant-gardisme et la puissance de ce texte, certains parmi eux — et non des moindres ! — ont admis y avoir puisé quelque inspiration ; des notes disséminées tout au long de cette première édition en témoignent. Au 17-ième siècle, pour des raisons que l’on comprendra, ce texte pourtant inédit se trouva singulièrement placé au cœur de la querelle des anciens et des modernes. En marge de cet épisode de notre littérature, il envenima une discorde célèbre — déjà établie pour d’autres raisons — entre Bossuet et Fénelon, ce dernier ne pouvant y tolérer la caricature de ses références hellénistiques. Mais au cours des siècles aucun de tous ces possibles traducteurs n’osa jamais s’attaquer au manuscrit rebelle ni braver ainsi une morale dictée par l’Église qui, malgré les arguments favorables de Bossuet, en aurait forcément entravé la diffusion. Voltaire lui-même, ardent défenseur du Grand Inquisiteur, n’acheva pas une adaptation qu’il avait commencée et se contenta de louanger — sans réserve, certes — un esprit de tolérance qui anticipait sur les Lumières.

     Ce n’est qu’en avril 1801 que des extraits du Grand Inquisiteur parurent dans le Mercure de France. Ce fut à l’initiative de Nicolas Restif de La Bretonne ; celui-ci les étoffa de quelques strophes de sa composition reprises dans une chanson à succès que l’on fredonne encore de nos jours. Les échos de cette publication marquèrent en profondeur la société post-révolutionnaire, autant ses classes populaires que les plus intellectuelles ou conservatrices. L’impact fut tel que cinquante années plus tard, lors de son discours de réception à l’Académie Française, Mgr Dupanloup crut devoir partager son éloquence entre l’éloge traditionnel de son prédécesseur et une apologie plutôt inattendue de ces pages. Celles-ci furent oubliées ensuite et on n’en parla plus qu’auprès des intellectuels qui continuaient de faire le pèlerinage à Baderne-sur-Lauquet et de se référer à son manuscrit.

    Il était temps de réaliser une traduction complète du Grand Inquisiteur. Afin de rendre sa lecture plus facile, la forme du texte que nous proposons a été unifiée et le mode théâtral seul choisi au prix de modifications minimes de la structure originelle. Quelques anachronismes mineurs, dus vraisemblablement au décalage entre l’écriture et les faits, n’ont pas été corrigés ; ils disent l’insouciance de l’auteur de vouloir situer le récit dans un contexte historique, et son désir de mettre seulement en exergue, derrière quelque voile sulfureux, l’intemporalité d’un message humaniste.

   Étant un scientifique, c’est en préparant un ouvrage sur l’histoire des mathématiques que j’ai curieusement pris connaissance du Grand Inquisiteur. En effet la correspondance de Gaspard Monge en fait mention et le présente, plus de cinq cents années après son écriture, comme un pivot du développement des sciences et de la pensée au début du 19ième siècle. Je me suis permis de citer dans le cours même du texte plutôt que dans cet avant-propos une lettre de Monge (adressée à l’académicien François Arago) qui dit comment la lecture du Grand Inquisiteur l’aura conduit à inventer la géométrie descriptive ainsi qu’à concevoir les principes modernes de la mécanique des structures. Que l’on veuille bien me pardonner cette liberté.

   M. Jacobus Proctolus est médecin, poète, latiniste distingué et professeur d’histoire médiévale au collège de Labastide-en-Corbières ; on se plaît à croire qu’il descend du Proctolus dont il est question dans Le Grand Inquisiteur ; je le remercie d’avoir bien voulu corriger mon écriture de certaines divergences que mon enthousiasme avait laissé échapper. Ma gratitude va également à M. Max Bouchaballe, maître de conférences à l’École polytechnique, spécialiste mondial de la brouette maltaise et organisateur des universités d’été de Baderne-sur-Lauquet, pour avoir aimablement vérifié sur le terrain la cohérence de mon explication de ladite brouette, un passage très technique dont la traduction s’était avérée difficile.

Hilare Poilaunet, traducteur
(Hilare par son baptême
et comique prédestiné car né Poilaunet)


Personnages



Effregonde et Télémaque-Ulysse de la Butte aux Piles


Boniface-Hercule II de May, Grand Inquisiteur du Saint-Office ;
le comte Télémaque-Ulysse de La Butte aux Piles, seigneur de Putang
eois de Saint-Denis ;
dame Effregonde, épouse du comte, fille du vicomte Godemich de Branlebas de l’Aisne, nièce du duc de Brabant ;
dame Pépine, dite Pépine la Brève, mère du comte ;
Anahita, fille de Bédouin, princesse moabite de la branche des Sulfamides ;
Tonéric Le Pétosec, alias Proctolus, poète, savant généraliste et médecin spécialiste ;
saint Hilaire, évêque de Baderne-sur-Lauquet ;
Annibal H. de Hacheballe, bourreau de la Grande Inquisition (il porte une cagoule) ;

+ deux brigands + une servante (muette) + un récitant.

     La scène se passe en l’an de grâce 1258, à Baderne-sur-Lauquet, une petite ville des Corbières située non loin de Carcassonne. La vaste salle d’armes du château a été transformée en prétoire et envahie par les gens du village.


RÉSUMÉ et TEXTE INTÉGRAL

Scène 1 : où un grave problème d’infidélité conjugale est soumis au Grand Inquisiteur.

Résumé : À son retour de Terre-Sainte où il était parti en croisade et à la recherche de son père, le comte Télémaque-Ulysse de La Butte aux Piles découvre que son épouse Effregonde lui a été infidèle. Il demande au Grand Inquisiteur de la châtier avec la plus grande sévérité. Le comte décrit la passion de sa femme pour les jeux de cartes en l’associant aux pires débauches.

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Scène 2 : où l’on apprend que le comte de La Butte aux Piles est un maquereau et sa mère une ancienne maquerelle ; où celle-ci révèle qu’elle vient de bénéficier d’un étonnant miracle de saint Hilaire.

Résumé : Dame Pépine, raconte son mariage avec le comte Ulysse-Eusèbe, un maquereau qu’elle n’a connu qu’une seule nuit (c’est depuis lors qu’on l’appelle Pépine la Brève). Leur fils Télémaque-Ulysse, devenu proxénète également après avoir pris les rênes de l’entreprise familiale, tente de convaincre le Grand Inquisiteur de son bon droit en lui racontant comment, grâce à un miracle de l’évêque saint Hilaire, sa mère a échappé à deux brigands qui voulaient la violer. Le Grand Inquisiteur voit là un signe du Ciel, et sa faveur semble acquise au comte.

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Scène 3 : où le Grand Inquisiteur décèle les qualités d’une sainte parmi les goûts et les activités éclectiques de dame Effregonde ; où il envisage même de proposer sa canonisation au Pape.

Résumé : L’accusée, dame Effregonde, nie les accusations de son mari. Elle se présente comme une femme simple, vivant de ses travaux agricoles et partageant avec tout le monde son goût pour les cucurbitacées et autres tubercules. D’ailleurs, jusqu’à vingt lieues à la ronde, ne l’appelle-t-on pas la reine du topinambour ? Le seul crime qu’elle reconnaît est celui d’avoir fait enlever la ceinture de chasteté que le comte lui avait imposée avant de partir en croisade ; cet objet la faisait souffrir. Après deux jours et deux nuits de martelage, c’est un forgeron aimable et consciencieux qui est parvenu à briser ces fers et à dessouder la belle. Voilà que le Grand Inquisiteur, subjugué et comme tétanisé, disjoncte et rêve de devenir forgeron lui aussi ;  dans son délire, il souhaite même conduire la comtesse jusqu’à Rome pour la présenter au Pape dont l’âge avancé contrarie la vigueur ; comme récompense de ses services, Effregonde serait immédiatement canonisée, ce qui est opportun car il n’y a pas encore d’Effregonde au catalogue des saintes. Face à de tels arguments, les plaintes du comte contre sa femme sont balayées et c’est lui qui est maintenant accusé d’intolérance.

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Scène 4 : où les vertus du rire des chamelles sont envisagées pour réveiller les appétits endormis du Saint-Père ; où la Grande Inquisition s’intéresse de près au briquage des chameaux ; et où le Grand Inquisiteur lui-même n’est pas insensible au mordant d’une briqueuse moabite.

Résumé : Effregonde accuse à son tour son mari d’avoir ramené de croisade une femme qu’il a éduquée ensuite dans un de ses bordels. Anahita, c’est son nom, était auparavant briqueuse dans les chamelleries de son père, ce métier consistant, pour faire boire davantage les chameaux, à rudoyer leurs testicules selon une technique très élaborée. Le Grand Inquisiteur, oubliant l’ancienne rudesse pour ne retenir que l’actuelle douceur de la Levantine, est désormais sous son charme et voilà qu’il disjoncte à nouveau, rêvant d’aller jusqu’en Orient pour trouver là-bas les chamelles riantes et chéries dont on lui parle et qui seraient susceptibles de réveiller l’appétit endormi du Saint-Père. Il se projette dans une croisade à deux, le Souverain Pontife et lui-même, l’érection gigantesque du Pape faisant, sur le passage de leur navire, l’admiration de toutes les créatures de la planète. Le comte de La Butte aux Piles suggère que le briquage des hérétiques par Anahita mériterait d'être ajouté au catalogue des méthodes punitives de l’Inquisition. La fille du Bédouin, au delà d’un modèle parfait d’intégration réussie, est alors désignée comme un des symboles majeurs du monde occidental.

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Scène 5 : où intervient Proctolus, un médecin descendant du barde breton Clystéric Le Pétosec ; où on révèle le rôle inattendu qu’icelui joua dans la tradition culinaire des Corbières ; où il est prouvé que les membres du Rotary Club de Baderne-sur-Lauquet sont de fins gastronomes ; mais où le Grand Inquisiteur dépasse largement tous ces amateurs.

Résumé : Anahita a été cédée comme assistante au docteur Proctolus, un médecin épris d’idées modernes et dont le doigt toujours levé traduit la promptitude à soulager ses contemporains. L’Église condamne les pratiques occultes de Proctolus, et le Grand Inquisiteur n’ayant plus personne à juger promet le bûcher à ce médecin singulier qui y a jadis échappé. Proctolus s’appelle en fait Tonéric Le Pétosec ; il descend du célèbre Clystéric Le Pétosec, un barde breton qui épousa la châtelaine Berniquette de Termes, vers l’an mil, alors qu’il séjournait dans les Corbières. Proctolus raconte le coup de foudre entre Berniquette et Clystéric, suivi de la dégustation d’un mémorable coq au vin accompagné de lichemouilles, de paluchettes et autres pignolettes. Le Grand Inquisiteur, tout excité par ce menu, vit intensément les émotions qu’on lui raconte, et il promet quelque indulgence à qui lui fera goûter une telle cuisine.

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Scène 6 : où l’on apprend que c’est grâce aux faces lunaires des ducs de Bordeaux que Clystéric Le Pétosec devint jadis l’un des plus grands humanistes de son temps ; et où Proctolus, fort de cet héritage, ose affronter le Grand Inquisiteur.

Résumé : Proctolus fait l’apologie des poésies particulières et très orientées de son ancêtre Clystéric, et il montre qu’il possède les mêmes dons. Clystéric, après avoir été jeté en prison par le duc de Bordeaux pour un geste et un quatrain insolents, et après avoir observé quelques ressemblances drolatiques entre la face lunaire du duc et celle d’autres membres de sa famille, s’était vengé en composant un pamphlet devenu fameux. Les déductions logiques présentes dans ce texte fulgurant, et les considérations avant-gardistse qu’il contient sur la ressemblance génétique, jointes aux obsessions et aux spécificités littéraires de Clystéric Le Pétosec, furent à l’origine de sa vocation médicale particulière et, par continuité familiale, elles expliquent celle de tous ses descendants jusqu’à notre Proctolus. Celui-ci, fort de son savoir et de son humanisme, ne se cache plus et ose provoquer un Grand Inquisiteur rétrograde et agressif. Il joue avec le feu.

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Scène 7 : où Proctolus et le Grand Inquisiteur se rapprochent grâce à la Science ; et où il est décidé qu’aux fêtes de cette conciliation on réalisera une « brouette maltaise ».

Résumé : Le Grand Inquisiteur, au moment même où il va condamner Proctolus au bûcher, lui fait part d’un certain mal qui le turlupine. Après un long questionnaire d’une logique éblouissante, Proctolus établit le diagnostic de la maladie du prélat et promet de le guérir. Le Grand Inquisiteur, soulagé, n’a d’autre choix alors que de gracier Proctolus et se rapprocher de lui. Pour célébrer cette réconciliation, tout le monde convient de réaliser une brouette maltaise. La brouette maltaise est une figure ludique constituée par six hommes nus, l’espace entre les corps étant minimisé pour former une masse charnelle compacte, verrouillée par les appendices et orifices en présence. La figure dense obtenue est réputée être alors l’image virtuelle du point-source de toutes les connaissances, et la portée philosophique de cette gymnastique ouvre au Grand Inquisiteur un vaste sujet de réflexion.

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Scène 8 : où l’on découvre qui est le fameux saint Hilaire ; où celui-ci réalise à nouveau un époustouflant miracle ; et où le Grand Inquisiteur se convertit enfin aux idées de Proctolus.

Résumé : Quelqu’un propose que l’on aille chercher saint Hilaire pour qu’il se joigne à la fête. Celui-ci arrive avec les deux brigands par lesquels dame Pépine aurait souhaité être violée au début de cette histoire ; elle les avait finalement adoptés comme filleuls. Saint Hilaire est un personnage répugnant malgré son goût pour les beaux vêtements ecclésiastiques, mais les femmes — et dame Pépine surtout — deviennent hystériques à son approche ; il parle un langage incompréhensible qui est (peut-être) celui avec lequel il s’entretient directement avec Dieu. Suite à quelques péripéties, il recouvre la mémoire qu’il a perdue depuis quarante ans et s’aperçoit qu’il est en fait le proxénète Ulysse-Eusèbe de La Butte aux Piles, et qu’il est donc entouré ici de toute sa famille. L’amant de notre Pénélope était donc son mari alors que le précepteur de son fils n’était autre que son père. Malgré ce superbe avatar de l’Odyssée, Ulysse-Eusèbe reste agacé par tout le monde, par le fait que sa femme l'ait trompé (avec lui-même !) et par le souvenir des mauvais jeux de mots sur son nom ridicule ; il préfère retourner à son amnésie et demande pour cela au bourreau de lui assener un grand coup de crosse sur la tête, ce qui est fait. Il perd donc à nouveau la mémoire, retrouve sa gaieté et réalise des miracles. Il promet de guérir le Pape, prend les deux brigands comme évêques coadjuteurs pour faire plaisir à dame Pépine qui souhaite les garder près d’elle, et il fait à tout le monde des déclarations d’amour ou d’amitié. Le Grand Inquisiteur, qui s’apprête à visiter la ferme d’Effregonde et son silo à topinambours, et aussi à palper ses meules, disjoncte à nouveau alors que le doigt de Proctolus se lève pour le soin annoncé. Le rideau tombe au moment où le Grand Inquisiteur relève sa robe et s’ouvre enfin à la science.

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